
Dans les Hautes-Pyrénées, les différents syndicats ont vu leur nombre d’adhérents augmenter en ce début d’année, à la faveur notamment du conflit sur la réforme des retraites.
« C’est sûr, il y a un regain! » Depuis des semaines, le bras de fer engagé sur la réforme des retraites tourne à la démonstration de force syndicale, avec des mobilisations d’envergure que CGT, CFDT, FO et consorts n’avaient plus connues ces dernières années. « Quand on voit les milliers de gens qu’on parvient à mettre dans la rue, ça redonne de l’importance au syndicalisme, note Patrick Cazala, le chef de file de Force ouvrière en Bigorre. On n’est pas vraiment surpris, car c’est notre but, mais qu’autant de citoyens continuent à venir et à nous soutenir dans la durée, ça nous étonne un peu. » Même son de cloche à la CFDT autour de ce conflit qui « remet les syndicats au centre du jeu, avec la contribution du président de la République qui a longtemps désavoué les corps intermédiaires, pointe Delphine Delaporte, la Tarbaise, secrétaire régionale de la CFDT. Aujourd’hui, il y a une opinion favorable aux organisations syndicales comme jamais. »
Une côte de popularité inédite (et inversement proportionnelle à celle du locataire de l’Elysée) qui a un impact dans les rangs syndicaux, qui se garnissent avec de nouvelles adhésions en ce début d’année. « Depuis le 19 janvier, nous avons enregistré au moins une quarantaine d’adhésions liée à la mobilisation sociale contre la réforme des retraites, en particulier au sein du syndicat santé sociaux et de la fédération des activités postales et télécoms, explique Julie Perriguey, nouvelle secrétaire de l’Union départementale CGT 65. Beaucoup de manifestants contre la réforme des retraites viennent nous voir spontanément pour remplir le formulaire d’adhésion lors des actions et des défilés. Mais nous avons aussi de plus en plus de non-syndiqués qui participent à nos assemblées générales et à nos réunions, et qui, pour certains, finissent par adhérer. Nous enregistrons également des adhésions sur notre site internet national ». A la CFDT 65, on dénombre 24 adhérents de plus, portant à 2548, le nombre de syndiqués oranges en Bigorre. « Au delà des adhésions, on a des gens qui reviennent dans nos permanences, note Delphine Delaporte. La dynamique est encore plus marquée dans certains départements comme l’Ariège. On ne nous attendait pas forcément sur ce conflit, mais là, on nous entend beaucoup. La mobilisation des adhérents est facilité par la caisse de grève qui est incluse dans la cotisation. » A FO 65, l’UD était restée en jachère pendant pluseiurs années. « Depuis 18 mois, il y a une nouvelle dynamique, avec une secrétaire administrative qui répond aux appels des salariés, précise Patrick Cazala. Il n’y a pas que la grève. Il faut d’abord répondre aux attentes et aux demandes des salariés en difficulté. » En chiffre, FO 65 se rapproche du millier d’adhérents, avec une centaine d’adhésions depuis le début de l’année.
Mais pour conserver cette dynamique, la question de la sortie de crise sera essentielle. « Même si on aura fait le job jusqu’au bout, s’il n’y a aucune retombée à la fin, ce sera clairement décevant », prévient Patrick Cazala. « On attend la décision du conseil constitutionnel mais aussi un éventuel référendum d’initiative populaire, anticipe Delphine Delaporte. Pour l’heure, on est vraiment très absorbés par ce mouvement. Pour continuer sur cette lancée, il faudra approfondir ce syndicalisme de proximité. Ca nous oblige à réfléchir à la manière de faire du syndicalisme différemment. »