Hongkong reprend la main sur le marché de l’art asiatique

Paumes ouvertes, des mains colorées appellent à l’union et à la communion. Hand me your trust (« fais-moi confiance »), tel est le titre de la nouvelle vidéo psychédélique de l’artiste suisse Pipilotti Rist, projetée sur la façade du musée M+, à Hongkong. Confiante, Angelle Siyang-Le l’est par nature, et plus encore depuis quelques jours. « Les grands collectionneurs sont revenus », se félicite la directrice, jointe par téléphone, de la foire Art Basel Hongkong, qui a ouvert ses portes, le mardi 21 mars, à un parterre de VIP venus des quatre coins de l’Asie. Dès l’ouverture, le galeriste parisien Christophe Gaillard, qui participe à la foire pour la première fois, constatait le sérieux des visiteurs qui n’étaient pas là pour faire de la figuration.

Depuis le week-end, déjà, les rutilantes antennes des marchands occidentaux tels que Zwirner, Pace ou Hauser & Wirth ne désemplissent pas. « Hongkong est de retour sur la carte, exulte Arthur de Villepin, qui y a ouvert avec son père, Dominique (l’ex-premier ministre), une galerie au pic de la pandémie, en mars 2020. On a l’impression que tout est possible, l’ébullition est à son comble. Ça va presque trop vite. »

Gonflé à bloc, le monde de l’art répugne à évoquer le nouvel ordre sécuritaire et répressif imposé par Pékin, qui renforce chaque jour son étau sur l’ancienne colonie britannique. Personne pour commenter le procès, débuté en février, de 47 militants prodémocratie accusés d’avoir enfreint la loi de sécurité nationale. « Sur un plan personnel, ce qui se passe politiquement est assez bouleversant, reconnaît à demi-mot Patricia Crockett, directrice de la galerie Zwirner, à Hongkong. Mais nous n’avons pas été affectés sur le plan professionnel. » Surtout ne pas gâcher la fête après trois années d’isolement à la suite de l’inflexible politique zéro Covid et ses interminables quarantaines. « Economiquement, on a vécu des années difficiles », admet le collectionneur et mécène de Hongkong Alan Lo, qui a fait fortune dans la restauration haut de gamme. « Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, tout cela est derrière nous. »

Surenchère et enchérisseurs

Pour les acteurs locaux, c’est désormais business as usual. Voire plus encore. L’enseigne Kiang Malingue, cofondée par le marchand français Edouard Malingue, a récemment inauguré un deuxième espace dans le quartier de Wan Chai. La maison de vente Phillips a emménagé dans un bâtiment flambant neuf à West Kowloon, non loin de M+, qui expose actuellement la star planétaire Yayoi Kusama. Surenchère aussi du côté de Christie’s, qui projette d’occuper en 2024 quatre étages de la future tour Henderson, encore en construction.

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