
Le gouvernement s’apprête à ouvrir des « sas » d’hébergement temporaire en région pour mieux orienter les personnes migrantes à la rue en dehors de l’Ile-de-France, où les situations de campements sont récurrentes et l’hébergement d’urgence est saturé. D’après le ministère de l’intérieur, quelque 500 places devraient être ouvertes, dont les premières « courant avril », réparties dans dix régions. L’idée est que lors des opérations de mises à l’abri, les personnes soient dirigées en province dans des bâtiments aménagés. Sous trois semaines, un examen de leur situation administrative sera systématiquement enclenché et un hébergement, proposé.
D’après la circulaire ministérielle diffusée aux préfets en mars par les ministres de l’intérieur et du logement, et dont Le Monde a pris connaissance, les personnes seront informées, selon leur profil, de leur droit à demander l’asile, un titre de séjour ou un retour volontaire dans leur pays et, tout le temps de la procédure d’examen, un hébergement leur sera garanti.
« Nous voulons que les sas permettent l’organisation de l’ensemble de la procédure », résume Sylvain Mathieu, le délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL), qui pilote le projet aux côtés du ministère de l’intérieur. « On demande notamment aux préfectures qui accueillent ces sas de prévoir des locaux réservés à l’évaluation des situations administratives par les services de l’Etat, dans le respect de la confidentialité des échanges », affirme Eric Jalon, le directeur général des étrangers en France (DGEF).
« L’Etat semble avoir pris conscience de l’échec de sa méthode »
Cet effort de « cadre et de méthode » dans la prise en charge des personnes migrantes intervient alors que plusieurs centaines de personnes se trouvent en permanence à la rue en région parisienne. Depuis 2022, des opérations de mises à l’abri se multiplient, notamment à l’attention de familles originaires d’Afrique de l’Ouest, et en particulier de Côte d’Ivoire. « Ces familles sont souvent déboutées du droit d’asile ou en situation irrégulière, alors que le public d’hommes isolés à la rue est plus majoritairement composé de demandeurs d’asile », souligne Nikolaï Posner, de l’association Utopia 56, qui multiplie les actions contentieuses contre l’Etat pour faire valoir le droit de ces familles à un hébergement inconditionnel.
« Aujourd’hui, la gestion se fait dans l’urgence et l’accompagnement n’est pas le meilleur, convient Sylvain Mathieu. Ce qu’on souhaite, c’est être dans un processus beaucoup plus organisé, sans rupture dans la prise en charge des personnes. » D’après des données de la DIHAL, lors des mises à l’abri en Ile-de-France, moins de la moitié des personnes acceptent des orientations en province, principalement parce qu’elles manquent d’information sur leur destination ou qu’elles ne veulent pas s’éloigner de la région parisienne, où elles ont des démarches déjà en cours, un travail, un suivi médical ou social engagé, ou encore des enfants scolarisés.
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