La permaculture, le choix de l’écologie pour les jeunes ingénieurs agronomes

Europe, France, Bourgogne, Franche Comté, Cote d'Or, Epoisses , homme préparant la terre dans un potager en permaculture

Camille Joyeux a hésité à témoigner. Elle craignait d’être présentée comme une « brebis égarée ». Cette Lorraine de 33 ans et son compagnon se sont lancés en 2019 dans un projet de ferme agroécologique dans la région de la Brenne, entre Limoges et Tours. Ils y appliquent les principes de la permaculture pour concevoir des cultures et des lieux de vie respectueux de l’environnement et des êtres vivants, avec un objectif : mieux nourrir les êtres humains.

Un projet ambitieux que Camille Joyeux porte depuis plusieurs années et qui lui valait l’étiquette d’idéaliste dans son école d’ingénieurs. Car, avant ce retour à la terre, Camille Joyeux a fait des études d’agronomie, à Nancy. « La première fois que j’ai rencontré le directeur, il m’a dit : “Venez dans mon école, vous allez vous confronter à la réalité du milieu agricole” », se souvient-elle.

Elle le prend au mot. Mais ces années à apprendre le fonctionnement et les ressorts de l’agriculture conventionnelle ne la conduisent pas à abandonner son projet. Au contraire, elles renforcent sa volonté de se tourner vers d’autres modes de production, occultés pendant ses cours. « Il y a dix ans, en école d’agronomie, on nous parlait d’agriculture bio, mais très peu d’agroécologie et encore moins de permaculture », regrette-t-elle.

Un bon rendement sur une petite surface

La faute, selon elle, à une vision fantasmée de la permaculture : « Pendant des années, on l’a associée à un délire bobo et on réduisait ce type de culture à un jardin bohème mal entretenu », résume Camille Joyeux. Elle-même rechigne aujourd’hui à employer ce terme dont les urbains raffolent, mais dont se méfient ses voisins agriculteurs. « Pourtant, la permaculture repose sur des observations scientifiques et sur une organisation très précise », explique la jeune femme, qui la voit comme une suite logique de son parcours d’ingénieure agronome. Les connaissances acquises pendant ses études lui ont permis d’analyser l’environnement dans lequel elle voulait installer sa ferme : le climat, l’exposition, la qualité et les caractéristiques du sol, les plantes, les animaux et les insectes qui y vivent…

Autant d’éléments grâce auxquels elle a pu déterminer le type de culture qu’elle voulait implanter. Avec son compagnon, elle a monté une exploitation de maraîchage biologique. Ils ont planté des centaines d’arbres, des aromatiques et des petits fruits selon le principe de l’agroforesterie (qui consiste à associer les arbres et les cultures pour de meilleurs rendements). Ils élèvent également des poules, dont la fiente sert d’engrais naturel, en prairie tournante. Ils ont créé des mares et des fossés pour arroser les plants et favoriser la biodiversité. Tout ce système complexe leur permet d’avoir un bon rendement sur une petite surface.

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