
La visite d’État du roi Charles III en France à partir de lundi, en plein conflit social sur les retraites, inquiète la presse britannique. Son séjour, qui passera par un dîner à Versailles et une visite à Bordeaux, pourrait être perturbé par les manifestations.
Un fastueux dîner d’État organisé en grande pompe au château de Versailles par Emmanuel Macron en l’honneur du roi Charles III au moment même où la contestation sociale contre la réforme des retraites prend parfois des airs insurrectionnels dans la rue : le contraste sera saisissant la semaine prochaine pour la première visite officielle du souverain britannique en France, ce pays qu’aimait tant sa mère, la reine Elizabeth II.
Un contraste qui inquiète l’Élysée et le ministère de l’Intérieur, qui craignent que des débordements ne perturbent la visite royale, à Paris où le souverain va descendre les Champs-Élysées lundi, à Versailles où se déroulera le dîner dans la galerie des glaces avec deux cents convives triés sur le volet ou encore mardi à Bordeaux, 31 ans après la visite d’Elizabeth II. Buckingham Palace « surveille de près les émeutes françaises » et « suivra les conseils des autorités » avant la visite d’État de Charles et Camilla à Paris cette semaine, assure le Daily Mail.
Inquiétude de la presse britannique
Le dépôt de gerbes sur la tombe du soldat inconnu par Charles III « pourrait être un aimant à haut risque pour les manifestants déterminés à humilier publiquement le président Macron », estime le tabloïd, qui souligne aussi qu’ « une autre conséquence des manifestations a été que les politiciens ont été menacés de guillotine s’ils soutenaient Macron lors du vote de censure parlementaire. » « Paris se soulève contre le roi Macron », écrit UnHerd. « Des références macabres à la guillotine ont dominé la toute dernière crise de la démocratie française. Certains manifestants ont scandé : Louis XVI, on l’a décapité, Macron on peut recommencer ! », s’offusque le site d’information britannique, tandis que The Telegraph s’inquiète de la séquence bordelaise.
« Les chauffeurs de tramway français refuseront de transporter le roi Charles lors d’une visite d’État. Les dirigeants syndicaux préviennent qu’ils vont accueillir le monarque avec une bonne vieille grève générale dimanche » assure le journal. « Il est quasiment certain que le roi ne pourra pas prendre le tramway » à Bordeaux comme il le prévoyait, a anticipé Pascal Mesgueni, délégué CFTC à la régie de transports TBM.
Sandrine Rousseau demande l’annulation de la visite du roi
En France, si l’on se garde de toute dramatisation, on s’inquiète aussi du bon déroulement de cette visite d’État. « Le Président va trinquer avec un monarque dans l’ancien palais des rois de France, ça fait un peu provoc, non ? », s’interroge un parlementaire de la majorité présidentielle.
La députée écologiste Sandrine Rousseau a demandé hier rien moins que l’annulation de la visite du roi Charles III. « Incroyable, on va avoir Emmanuel Macron, le monarque républicain, qui va recevoir Charles III, qui va descendre les Champs-Élysées, qui va aller dîner à Versailles, pendant que le peuple dans la rue est en train de manifester », s’est indignée la députée de Paris sur BFMTV. « Est-ce que vraiment la priorité, c’est de recevoir Charles III à Versailles. Mais non ! Là il se passe quelque chose dans la société française […] La priorité, c’est de discuter avec cette société qui se soulève. Continuons à occuper les places, Charles III ou pas Charles III ! »
Philippe Rioux