
Il avait rêvé d’un bain de foule à l’aéroport. Et même, dit-on, de pouvoir rejoindre le centre-ville de Brasilia à bord d’une voiture décapotable pour saluer ses partisans. Jair Bolsonaro a pourtant dû se contenter d’une arrivée sans panache. Une fois débarqué, jeudi 30 mars au petit matin, du vol régulier en provenance d’Orlando, en Floride, l’ancien président du Brésil a été conduit par des policiers fédéraux vers une porte dérobée pour éviter les quelque 600 partisans venus l’attendre – loin des 10 000 annoncés sur les réseaux sociaux.
Il s’est ensuite rendu au siège du Parti libéral dans une voiture aux vitres fumées, escortée par des hommes du cabinet de sécurité institutionnelle de la présidence de la République. C’est finalement dans l’obscurité du garage souterrain de l’immeuble qu’ont été filmées les premières images de Jair Boslonaro, de retour au pays après trois mois d’exil volontaire. On l’y voit saluer Valdemar Costa Neto, le président du Parti libéral, puis son fils, le sénateur Flavio Bolsonaro, et le général Braga Netto, candidat à la vice-présidence, en octobre 2022.
« C’est avec une grande fierté que je reviens. Je vais recevoir beaucoup de gens et échanger », a indiqué Jair Bolsonaro. Evoquant son séjour aux Etats-Unis, l’ancien président a estimé que « l’Etat américain, c’est l’Etat brésilien qui a fonctionné ». En particulier en Floride, gouvernée par le républicain Ron DeSantis : « Tout ce qui existe là-bas, nous voulons l’implanter ici aussi : liberté d’expression, propriété privée, liberté de pouvoir travailler, droit à la légitime défense… »
Aucun éloge, en revanche, au moment d’évoquer les trois premiers mois du gouvernement Lula. Critiquant les premières mesures, Jair Bolsonaro a averti : « Ils ne feront pas ce qu’ils veulent avec l’avenir de notre nation. » Jair Bolsonaro a accepté de devenir le président d’honneur du Parti libéral. Un poste honorifique pour lequel il recevra une rémunération égale à celle d’un ministre du Tribunal suprême fédéral, le fonctionnaire le mieux rémunéré au Brésil, environ 7 500 euros.
Vingt et une enquêtes
D’après Rafael Cortez, professeur en sciences politiques, la fermeté affichée de l’ancien président devrait apporter « une influence politique importante à l’opposition ». Car, selon lui, les adversaires de Lula ont des difficultés pour trouver le bon ton : « Avec la présence de Bolsonaro, l’opposition pourrait désormais être plus organisée. » Pour le chercheur, malgré une absence de trois mois, l’ancien président bénéficie toujours d’un pouvoir politique important. A condition, évidemment, que la justice n’anéantisse pas ses ambitions.
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