Nucléaire : le camouflet infligé par l’Assemblée à Agnès Pannier-Runacher

À quelque chose malheur est bon. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher doit approuver ce vieil adage populaire car sans le séisme politique déclenché jeudi par l’activation de l’article 49.3 pour faire adopter sans vote la controversée réforme des retraites, c’est un autre fiasco qui aurait peut-être fait la une de l’actualité : son échec à faire fusionner l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert technique, au sein de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme des centrales, dans le cadre du projet de loi nucléaire.

L’Assemblée a, en effet, rejeté mercredi en première lecture cette réforme controversée de la sûreté nucléaire, quelques voix de la majorité rejoignant même la gauche pour s’opposer au « démantèlement » de l’IRSN… Les députés ont approuvé à main levée un amendement de Benjamin Saint-Huile, du groupe indépendant Liot, pour préserver une « organisation duale » entre l’Institut et l’Autorité de sûreté, détricotant l’ensemble de cet article sensible du projet de loi de relance du nucléaire.

Un véritable camouflet pour le gouvernement et la ministre et une victoire des salariés de l’IRSN mais aussi de beaucoup d’experts et de scientifiques qui s’étaient vivement élevés contre cette fusion, craignant pour une perte d’indépendance de l’Institut et une moindre transparence alors même qu’EDF fait face à une série de fissures préoccupantes sur ses centrales. Cette fusion, qui ne figurait pas dans le texte, lors de la large adoption au Sénat, concernait 1 800 ingénieurs de l’IRSN.
Le gouvernement a toujours la « conviction » qu’il faut réformer la sûreté nucléaire, a souligné la ministre qui n’a renoncé à demander une 2e délibération…