Origine du Covid-19 : la piste d’un animal hôte intermédiaire relancée

Des membres du personnel de l’équipe d’intervention d’urgence en matière d’hygiène de Wuhan quittent le marché de Huanan, dans la province chinoise du Hubei, le 11 janvier 2020.

De nouvelles données génétiques relancent l’hypothèse d’une origine zoonotique de la pandémie de Covid-19, en documentant la présence dans un marché de la ville chinoise de Wuhan de traces ADN de chien viverrin, de civette et d’autres mammifères, susceptibles d’avoir servis d’hôte intermédiaire favorisant le passage du SARS-CoV-2 de la chauve-souris à l’homme.

Ces données ont initialement été détectées le 4 mars par la chercheuse française Florence Débarre (CNRS) sur la base de données génomiques internationale Gisaid, mais ce n’est que quelques jours plus tard qu’elle a perçu leur importance, a-t-elle indiqué à plusieurs journaux. Mises en ligne par des chercheurs du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CDC), fin janvier, ces séquences portaient sur des échantillons prélevés début 2020 dans le marché Huanan de Wuhan. Elle a alors partagé sa découverte avec un groupe de virologues ayant déjà analysé des indices suggérant selon eux que la pandémie a pour origine une contamination d’origine animale dans ce marché.

Comme l’a d’abord rapporté The Atlantic, ceux-ci n’ont pas tardé à découvrir des correspondances avec le génome du chien viverrin, un petit mammifère carnivore ressemblant à un raton laveur, vendu pour sa fourrure et sa chair. Science évoque pour sa part aussi la présence d’ADN de civette et d’autres mammifères. Ces travaux n’ont pas encore été rendus publics, pas plus que les données brutes qui les sous-tendent. Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été informée de leur existence le 12 mars. L’instance onusienne a organisé une réunion mardi 14 mars afin qu’elles soient présentées à la commission mise en place pour étudier l’origine de la pandémie (SAGO), en présence de chercheurs chinois qui en avaient fait une première analyse.

George Gao (Académie des sciences chinoise, ex-CDC) les avaient évoquées en février 2022 dans un manuscrit non-revu par les pairs qui concluait que le marché de Wuhan ne serait pas à l’origine de la pandémie mais en aurait été un amplificateur – confortant la ligne officielle chinoise selon laquelle le virus aurait une origine étrangère. Cet article affirme que le virus n’a été détecté « dans aucun des prélèvements couvrant dix-huit espèces animales dans le marché ». Il est toujours en attente de publication dans un journal du groupe Nature, qui requiert la mise à disposition des données brutes. C’est ce qui peut avoir motivé la mise en ligne de ces séquences dans Gisaid. L’équipe chinoise les en a retirées après la réunion avec SAGO.

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