Réforme des retraites : la gauche mise sur le RIP pour maintenir la pression

Un « cortège républicain », composé d’élus de gauche ceints de leur écharpe tricolore, marchera dans les rues de Paris mardi 4 avril, depuis l’Assemblée nationale vers le palais de l’Elysée. Face à un gouvernement qui fait la sourde oreille, les communistes ont entrepris d’organiser cette manifestation, pour laquelle une autorisation a été demandée. Le départ a été programmé à 10 h 30 et l’invitation adressée aux 252 parlementaires ayant signé le référendum d’initiative partagée (RIP) contre la réforme des retraites. Les élus de La France insoumise (LFI) ont déjà assuré de leur présence, tandis qu’écologistes et socialistes doivent se prononcer.

A l’issue de ce parcours de 1,5 kilomètre, les parlementaires souhaitent remettre « en main propre » à Emmanuel Macron un courrier lui demandant de « retirer » son projet de report de l’âge légal de la retraite à 64 ans, justifiant leur requête par la « mobilisation considérable du peuple » et « l’opposition des parlementaires ». Mais cette marche semble également destinée à compenser le refus de LFI et des communistes de répondre favorablement à l’invitation de la première ministre, Elisabeth Borne, qui a prévu de rencontrer tous les présidents des groupes parlementaires la semaine prochaine. « Nous estimons que c’est Emmanuel Macron qui a la main », affirme le président du groupe communiste à l’Assemblée nationale, André Chassaigne. Même position pour les « insoumis ».

« Redonner la parole au peuple »

Sans illusion sur ce que pourrait être la réponse de M. Macron à leur lettre, les élus de gauche misent sur une autre initiative pour mettre la pression sur le président de la République : celle du RIP, déposé le 20 mars dernier devant le Conseil constitutionnel. Sachant que cette institution a un mois pour se prononcer sur la recevabilité de la demande de la gauche. « La priorité reste le retrait du texte. Mais il faut redonner la parole au peuple », estime André Chassaigne.

A Matignon, on pense que ce RIP, qui comporte un seul article visant à inscrire dans la loi que l’âge de la retraite « ne peut être fixé au-delà de 62 ans », sera retoqué. Mais le constitutionnaliste Bertrand Mathieu l’estime, lui, recevable. A son sens, il remplit les trois conditions imposées par le Conseil constitutionnel : aucune autre loi sur les retraites date d’il y a moins d’un an ; il s’agit d’une politique sociale, qui n’accroît pas la dépense publique ; enfin, le texte comporte plus de 185 signatures de parlementaires. Seul risque, la rédaction de l’article. « Le Conseil peut dire que le législateur ne peut se fixer d’obligations à lui-même, car il est toujours libre », évalue le constitutionnaliste.

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