
« C’est ce gouvernement qu’il faut dissoudre », a réagi le collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre – menacé lui-même de dissolution par le ministre de l’intérieur – après la révélation par Le Monde, mardi 28 mars, d’un enregistrement qui pourrait établir une entrave à l’intervention des secours lors de la manifestation contre la construction de mégabassines, samedi, à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).
Le collectif écologiste ainsi que des députés, en particulier de La France insoumise (LFI), appellent à la démission de M. Darmanin. Ils demandent que le ministre rende des comptes alors qu’à l’instar de la gendarmerie nationale et de la préfète des Deux-Sèvres celui-ci nie toute entrave des forces de l’ordre à l’intervention des secours.
Lundi soir, lors d’une conférence presse avec le préfet de police de Paris, le ministre affirmait :
« Non, les gendarmes n’ont pas lancé de LBD en quad. (…) Non, aucune arme de guerre n’a été utilisée à Sainte-Soline. (…) Non, les forces de l’ordre n’ont pas empêché les secours d’intervenir. C’est les gendarmes et les secours qui ont été empêchés d’intervenir par certains casseurs. »
Le lendemain, Le Monde révélait une conversation téléphonique de sept minutes trente entre un médecin généraliste en centre de santé et un opérateur du SAMU. Dans cette discussion, enregistré par des observateurs de la Ligue des droits de l’homme, l’interlocuteur du SAMU refuse d’envoyer des secours « parce qu’[il a] ordre de ne pas en envoyer par les forces de l’ordre ». « On n’a pas l’autorisation d’envoyer des secours sur place, parce que c’est considéré comme étant dangereux sur place », précise-t-il.
Les familles des deux manifestants qui se trouvent encore dans le coma – l’un avec un pronostic vital engagé – après les violents affrontements qui ont marqué la manifestation, ont déposé plainte pour tentative de meurtre et entrave aux secours.
« C’est une catastrophe politique »
« Donc, Darmanin a encore menti. C’est au bout de combien de mensonges, la démission ? », s’interroge dans un tweet le député des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard (LFI), après la publication de cette conversation. « Dans quel pays, après un tel fiasco, un ministre peut continuer à mentir à répétition ? », s’interroge aussi Thomas Dossus, sénateur d’Europe Ecologie-Les Verts.
Plus catégorique encore, Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, estime, sur Twitter, que « c’est une catastrophe politique, Darmanin doit démissionner » puisqu’il y a eu « mensonge sur les armes de guerre, mensonge sur les LBD tirés depuis des quads, mensonge sur l’accès des secours aux blessés, deux manifestants toujours dans le coma ».
Par ailleurs, Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis (LFI), et Clémence Guetté, élue du Val-de-Marne (LFI), demandent des explications. « Les donneurs d’ordre doivent rendre des comptes », « Darmanin devra rendre des comptes », tweetent-elles respectivement. « Macron et Darmanin doivent s’expliquer ! », réclame à son tour le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan.
Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, estime que « la transparence doit être faite pour établir les responsabilités dans ce qui s’apparente à un refus d’assistance à personne en danger. Sainte-Soline n’est pas une ZAD, ça ne peut pas non plus être une zone de non-droit ». « Macron endossera-t-il la responsabilité de cette ignominie ? », s’interroge la députée Raquel Garrido (LFI).
Interrogé mercredi après-midi sur RTL, Gérald Darmanin a maintenu que les secours « n’ont jamais été empêchés d’intervenir sur le site ». Ils « sont arrivés dès qu’ils ont pu », s’est-il encore défendu, estimant que les conditions n’étaient pas réunies pour que les secours puissent intervenir.