
« En quelques mois, le blanc de poulet a tellement augmenté qu’on le vend maintenant au prix de l’aloyau », raconte Nathalie Coulon, bouchère sur les marchés de Gironde. A l’autre bout du pays, sur le marché du canal couvert de Mulhouse (Haut-Rhin), Bader El Khaldi constate, lui aussi, l’impact de l’inflation. « Pour un pull à 20 euros, mes clientes me paient en deux fois, un samedi, puis le samedi suivant », explique ce marchand de prêt-à-porter.
Réunis pour leur congrès annuel dans la salle polyvalente de La Chaussée-Saint-Victor (Loir-et-Cher), dans la périphérie de Blois, les adhérents de la Fédération nationale des syndicats des commerçants des marchés de France (FNSCMF) ont passé trois jours, fin février, à comparer leurs difficultés, en ces temps de hausse des prix et de pouvoir d’achat en berne.
« Certains sont encore en train de rembourser leur prêt garanti par l’Etat, sans compter l’augmentation du prix des matières premières et du carburant », énumère Bader El Khaldi.
A écouter les représentants de la principale organisation de commerçants non sédentaires, tout irait mal pour les quelque 145 000 camelots qui, chaque semaine, déballent leurs marchandises sur les 10 000 marchés qui se tiennent en France.
« Moins chers que la grande distribution »
« Nous restons moins chers que la grande distribution », assure pourtant Monique Rubin, chapelière sur les marchés de la Drôme, réélue présidente de la fédération, congrès après congrès, depuis vingt ans. Plusieurs comparaisons effectuées par Franceinfo ou BFM-TV confirment que les prix de l’alimentaire sont moins élevés sur les marchés que dans les supermarchés.
Monique Rubin avance plusieurs raisons expliquant ce décalage : « Au marché, on peut acheter une seule pomme, un petit bout de fromage, du poisson pour deux. Nous subissons beaucoup moins de frais de packaging ou de marketing que les grandes surfaces », rappelle-t-elle. En conséquence, la FNSCMF ne décolère pas contre le « trimestre anti-inflation » négocié entre le gouvernement et la grande distribution. Il s’agit, selon elle, d’un « appel à consommer uniquement dans les grandes surfaces ».
Même s’ils animent toute l’année les cœurs des villes, avec leurs parasols colorés et leurs étals alléchants, les commerçants non sédentaires ont parfois l’impression d’être invisibles. Certes, les élus disent les adorer, et pas seulement avant les rendez-vous démocratiques, au moment de distribuer des tracts et de prendre le pouls des électeurs.
« Votre force, c’est la proximité », a assuré Stéphane Baudu, maire (MoDem) de La Chaussée-Saint-Victor (Loir-et-Cher), face aux congressistes. « Je fais l’essentiel de mes courses sur les marchés, vous faites partie des traditions », a ajouté Marc Gricourt, maire (PS) de Blois. « Un marché est un repère qui conforte et rassure », a renchéri la ministre déléguée au commerce, Olivia Grégoire, dans une vidéo diffusée dans la salle polyvalente.
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