Télécoms : un label pour garantir la qualité du déploiement de la fibre

Va-t-on, enfin, en finir avec les malfaçons et les raccordements ratés sur les réseaux de fibre ? C’est l’ambition d’un tout nouveau label, dévoilé ce mardi par le groupe de télécoms public Innovance, le Cercle Credo, qui rassemble des professionnels de la fibre, et l’Avicca, qui représente des collectivités engagées dans le numérique. Baptisé Audit, qualité, pérennité et fibre (AQPF), celui-ci a vocation à « harmoniser les pratiques d’audit des entreprises » qui déploient les réseaux Internet à très haut débit, et de « qualifier les compétences des intervenants des entreprises d’audit ».

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L’objectif est, en clair et au final, de s’assurer que les ouvriers et techniciens des sous-traitants des grands opérateurs travaillent bien dans les règles de l’art. Ce qui, dans bien des régions, est souvent loin d’être le cas. Ces dernières années, beaucoup d’entreprises impliquées dans le grand chantier de la fibre ont parfois saccagé les réseaux, défonçant des armoires télécoms, et laissant derrière elles de grands « plats de nouilles », expression de la filière pour qualifier des enchevêtrements de câbles. Sans compter les très nombreux raccordements ratés et débranchements sauvages qui continuent de susciter la colère des clients.

Des dégâts un temps minimisés par les opérateurs

L’ampleur des dégâts – un temps « minimisés » par les opérateurs tels qu’Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free d’après l’Arcep, le régulateur des télécoms – inquiète depuis longtemps les pouvoirs publics. Il faut dire qu’avec l’extinction prévue en 2030 du réseau cuivre, utilisé pour le téléphone et l’ADSL, les réseaux de fibre, auxquels 80% des Français ont aujourd’hui accès, sont amenés à devenir l’infrastructure de référence pour se connecter à Internet. Sa pérennité est, sous ce prisme, cruciale.

« L’importance stratégique de la fibre, exacerbée par la fermeture prochaine du réseau cuivre, nécessite d’avoir une exigence de qualité lors du déploiement et de l’exploitation de ces réseaux à la hauteur des enjeux qu’ils représentent pour l’ensemble de la population », insiste Patrick Chaize, le président de l’Avicca et sénateur de l’Ain (LR).

Ce nouveau label, qui sera opérationnel le mois prochain, constitue une des initiatives visant à remettre de l’ordre dans la filière. Il sera valable, pour les entreprises qui le décrocheront, pour une période de deux ans.

SFR et Free remettent certains réseaux en état

D’autres initiatives pour assurer la qualité des réseaux de fibre ont vu le jour ces derniers mois. Sous la pression de l’Arcep et du gouvernement, InfraNum, qui rassemble les plus importants acteurs des télécoms, dont les grands opérateurs nationaux, met aujourd’hui en place un plan anti-malfaçons. La Fédération française des télécoms (FFT), le lobby du secteur, a aussi promis de tout faire pour améliorer la qualité des travaux, et écarter les sous-traitants indélicats.

Dans certains territoires où le déploiement des réseaux a été bâclé, l‘Arcep a également demandé à plusieurs opérateurs de les remettre en état. Au mois de novembre, SFR et Altitude ont accepté de remettre de l’ordre dans leurs infrastructures en Ile-de-France, dans le Rhône, dans l’Essonne et dans le Calvados. Au total, quelques 433.000 locaux sont concernés. Au mois de janvier, c’est Free qui s’est engagé à remettre en état des réseaux en région parisienne.