Pour ce dixième acte de mobilisation contre la réforme des retraites, plusieurs milliers de personnes ont déambulé pacifiquement dans les rues d’Auch. Ils étaient 2300 selon la police et autour de 8000 selon l’intersyndicale gersoise.
« Qui est-ce qui va se battre ? » interroge l’intersyndicale en tête de cortège et les manifestants répondent avec entrain « C’est nous ! ». Pour cette dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la mobilisation est toujours très forte avec 2300 personnes selon la police et près de 9000 selon les syndicats. « Nous sommes un peu moins que la semaine dernière mais on voit que la ville d’Auch reste très mobilisée et il est normal que certains jours soient moins suivis que d’autres », reconnaît un militant syndicaliste CGT.
Les revendications n’ont pas changé. « On demande le retrait de cette réforme », lancent les représentants syndicaux durant la première prise de parole. La récente interview télévisée du président de la République n’a en rien apaisé les citoyens mobilisés. « Il se moque de nous depuis le début et il ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Le violent c’est lui, dès qu’il prend la parole, il aggrave la situation », estime Laurent, Auscitain de 56 ans.
Plusieurs citoyens du cortège reviennent aussi sur les nombreuses prises de parole du gouvernement notamment celles de la Première ministre Elisabeth Borne ou encore d’Olivier Dussopt, ministre du Travail. « Toutes ces déclarations nous motivent encore plus à nous mobiliser dans la rue. Ce gouvernement est illégitime et il faut à tout prix isoler Macron et le mettre dehors », explique Monique qui descend dans la rue pour la dixième fois. Pour ce jour de mobilisation, beaucoup de manifestants reviennent sur les « débordements » et la « répression policière » qu’il y a pu avoir durant les précédentes mobilisations mais aussi autour des « mégabassines » de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres.

Les « violences étatiques » pointées du doigt
Dans le cortège, Sébastien Pigache, du syndicat de la Confédération paysanne, met en avant un « déchaînement de violences étatiques » et explique que tous les événements des dernières semaines « n’ont rien d’apaisant. » À plusieurs reprises, des prises de parole ont lieu et remettent en cause « l’utilisation de la violence par la police » en France avec pour exemple les affrontements qui ont eu lieu à Sainte-Soline autour du sujet houleux et controversé des « mégabassines ».
« On peut perdre un œil en manifestant en France en 2023, on peut se faire tirer dessus avec des LBD alors qu’on défile en famille, c’est très grave », confie un jeune manifestant, révolté. Même si le cortège auscitain reste très calme et déambule pacifiquement, ce n’est pas toujours le cas dans d’autres villes, comme à Toulouse.

« Nous devons rester unis »
À la tête de la manifestation, l’habituelle banderole avec l’intersyndicale plus unie que jamais. Mais, quelques mètres devant, un petit groupe de personnes affiliées aux anarchistes a décidé de déambuler hors du cortège, ce qui agace fortement les militants derrière la banderole. « On ne veut pas qu’un groupuscule se permette de venir devant le camion et la banderole, nous devons rester unis », explique Daniel, militant à la CGT. Pour montrer cette union, l’intersyndicale gersoise a tenu à soutenir « les éboueurs qui sont en grève dans la ville (ils ont repris la collecte des déchets lundi soir, NDLR), si nécessaires et pourtant si invisibilisés ».

À noter qu’Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a balayé la proposition de Laurent Berger (CFDT) et de Philippe Martinez (CGT) de désigner un ou des médiateurs pour mener une concertation sur les retraites. Une décision qui ne risque donc pas d’apaiser la situation. De son côté, l’intersyndicale annonce qu’elle va écrire à Emmanuel Macron pour lui proposer de « suspendre » la réforme.