
L’idée était intéressante, lancer des satellites avec une fusée larguée par un Boeing 747. Las, les projets farfelus de Sir Richard Branson sont souvent à haut risque, et la tentative de lancement effectuée début janvier par Virgin Orbit fut un échec retentissant : la fusée n’a pas atteint son orbite et a fini dans la mer. Ce jeudi 30 mars, c’est l’entreprise elle-même qui a bu le bouillon. Son patron, Dan Hart, a annoncé que la société cessait ses opérations et allait se séparer de 85 % de ses 800 salariés, faute de renflouement, notamment par son actionnaire historique Richard Branson.
Résultat, l’action a chuté de 45 % dans les échanges officieux après la fermeture de Wall Street, à 20 cents (18,5 centimes d’euros). L’action, qui avait atteint en janvier 2021 un plus haut de 11 dollars, a vu sa valeur divisée par environ soixante. Ainsi, va sans doute disparaître une entreprise zombie, sans projet viable et portée sur les fonts baptismaux par la politique d’argent gratuit de la Fed, la banque centrale américaine, qui a permis de financer tout et n’importe quoi sur la planète à l’occasion de la pandémie de Covid-19.
Avec le retour de l’inflation et la remontée brutale des taux à court terme, passés en un an, en mars, de zéro à plus de 4,75 %, l’argent coûte cher et il est impossible ou presque d’en lever sur les marchés. Pour preuve, les 71 introductions en Bourse ayant eu lieu à Wall Street en 2022 n’ont permis de lever que 7,7 milliards de dollars : dix-huit fois moins que les 142 milliards de l’année précédente, rapporte le Financial Times.
Pièges à gogo
Lorsque les entreprises se montrent incapables de générer du chiffre d’affaires, la sanction du marché tombe, à moins de trouver un actionnaire désireux de remettre au pot une dernière fois avant fermeture. Le phénomène dépasse celui des banques régionales, depuis la faillite de la Silicon Valley Bank, courant mars, et celui des cryptodevises, depuis l’effondrement frauduleux de FTX à l’automne 2022.
C’est par exemple le cas de WeWork, l’entreprise de télétravail qui aurait dû être introduite en Bourse en septembre 2019 après avoir été valorisée 47 milliards de dollars par son principal actionnaire, le japonais SoftBank. WeWork avait alors subi une vaste restructuration, et, profitant de la manne du Covid-19, elle s’était finalement introduite en Bourse en 2021, mais à un prix revu à la baisse de 9 milliards de dollars.
L’opération s’était faite via un SPAC (Special Purpose Acquisition Company), ces coquilles vides qui permettent de s’introduire en Bourse sans respecter les procédures traditionnelles et se sont révélées être des pièges à gogo. Alors que l’offre de bureau est gravement excédentaire, WeWork n’a pas échappé à la règle.
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