
Ce ne sera pas pour cette fois. Lundi 22 mai, les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne n’ont pas réussi à se mettre d’accord à Bruxelles pour débloquer une huitième tranche de 500 millions d’euros pour la facilité européenne de paix destinée à accélérer les transferts d’armes en Ukraine. De même, ils n’ont pas encore réussi à avancer sur le onzième paquet de sanctions contre la Russie, et notamment sur les mesures de lutte contre les contournements des sanctions. « C’était un conseil intermédiaire », euphémise un diplomate européen.
Et pour cause, deux Etats membres ont décidé de bloquer les discussions sur ces deux sujets. Concernant la facilité de paix, cet outil permettant de subventionner les dons européens d’armes à l’Ukraine, la Hongrie a refusé de valider un nouveau financement. Concernant les sanctions, c’est la Grèce qui est montée au créneau pour bloquer notamment les mesures anti-contournement en préparation par les Vingt-Sept, qui pourraient affaiblir ses armateurs.
Les raisons officiellement invoquées par les deux pays n’ont rien à voir avec l’Union, mais avec l’Ukraine et le placement d’OTP, la première banque hongroise, ainsi que de cinq sociétés grecques de fret maritime (Minerva, TMS Tankers, etc.) début mai sur la « liste des soutiens internationaux de la guerre » par les autorités ukrainiennes.
Tenue par l’agence nationale anticorruption ukrainienne, cette liste regroupe, au 22 mai, vingt-six entreprises internationales accusées de « continuer de coopérer » avec la Russie « malgré la reconnaissance internationale de son statut d’Etat agresseur ». Dénuée de toute conséquence juridique, cette liste est avant tout symbolique et vise à exercer des pressions sur les entreprises concernées pour qu’elles quittent la Russie.
« C’est un faux procès »
La liste contient notamment la banque autrichienne Raiffeisen Bank, qui a conservé sa filiale russe, les français Leroy-Merlin, Bonduelle, Auchan et Yves Rocher. Tout cela sans avoir jusqu’ici suscité de protestation officielle de Vienne ou de Paris, et encore moins de menace de veto à Bruxelles. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé, pendant le conseil, Catherine Colonna, la ministre française des affaires étrangères, à son collègue hongrois, tandis qu’Annalena Baerbock, la ministre allemande, rappelait le rôle d’OTP dans le soutien aux soldats russes, selon deux diplomates au fait des discussions.
Selon les autorités ukrainiennes, OTP a payé « 190 millions de roubles [2,2 millions d’euros] à l’Etat agresseur en taxes sur les sociétés en 2020 » et « fournit des crédits à des intérêts préférentiels aux militaires russes ». La banque s’est défendue en assurant n’avoir que « 0,17 % de parts de marché en Russie » et être forcée de respecter les ordres des autorités en ce qui concerne les prêts préférentiels aux soldats.
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