L’histoire débute il y a près de 50 ans. Quand cet ancien prof de tennis se met à collectionner du matériel envoyé par les équipementiers. La raquette prend d’emblée le pas sur les balles, les chaussures, les autographes… Car « c’est l’accessoire emblématique du tennisman, le prolongement de la main », s’émerveille ce joueur chevronné…
L’histoire débute il y a près de 50 ans. Quand cet ancien prof de tennis se met à collectionner du matériel envoyé par les équipementiers. La raquette prend d’emblée le pas sur les balles, les chaussures, les autographes… Car « c’est l’accessoire emblématique du tennisman, le prolongement de la main », s’émerveille ce joueur chevronné.
800 modèles
Sa recherche se frénétise grâce aux moyens modernes. L’eBay anglais, Le Bon Coin… Jean-Claude Marty s’y connecte à la volée pour y dénicher les pépites. Une demi-vie de collecte passe et l’ancien instituteur acte le besoin de partager ses trouvailles. Les murs de l’appartement familial ne suffisent plus, il investit la demeure parentale, dresse une pièce à part. Dans laquelle les centaines de raquettes d’hommes et de femmes se serrent les cordes sur différents portants. 500 des 800 modèles possédés par Jean-Claude Marty y sont maintenant exposés, dont les quelque 200 lauréats de Grand Chelem (hommes et femmes) depuis les débuts de l’ère Open en 1968.

Photo Renaud Joubert
Les Guillermo Villas, Marion Bartoli, John McEnroe, Billie Jean King ont leur outil de travail épinglé chez Jean-Claude Marty. Avec des histoires en pagaille. Comme pour la raquette Le Coq Sportif de Yannick Noah, lors de son épopée à Roland-Garros en 1983. « La dernière raquette en bois à remporter un Grand Chelem », éclaire l’historien amateur. Il montre avec passion « la Dunlop Maxply » qui s’est adjugée un double Grand Chelem calendaire (quatre titres à la suite) grâce à l’Australien Rod Laver dans les années 60. Ou encore « la première raquette composite » à empocher un Majeur, en Australie, grâce à l’éphémère Brian Teacher (1980).
Quand des joueurs cassent des raquettes, je ne le vis pas très bien… Moi des raquettes, je n’en ai jamais cassé !
Le spécimen le plus ancien du musée est d’ailleurs daté de 1874. De loin, l’objet ressemble à un « morceau de bois ». Evoque davantage l’ancêtre du tennis, le jeu de paume. Son acquisition n’a coûté que 40 euros à son conservateur. Mais un voyage à la hâte entre Nontron et Saint-Étienne pour devancer la meute de collectionneurs. Son prix est aujourd’hui estimé à 5 000 euros. À l’inverse, il lui a fallu débourser 1 500 euros pour la raquette voisine de portant, son allure rudimentaire, son boyau animal, qu’on retrouve encore sur certains modèles actuels.
De l’autre côté du parcours, des raquettes plus « insolites » illustrent les errances des marques. Promptes, pour certaines, à bâtir des modèles à usage unique, comme cette raquette à manche double ou ce modèle à capteur de vitesse, que le joueur ne peut consulter qu’au moment de la frappe de balle. Plus polémique, à l’époque, la raquette Fischer et son cordage « spaghetti », dont les effets ont surpris tant de champions en 1971 qu’elle fut finalement interdite six mois plus tard, plongeant son inventeur dans la faillite.
Exit dans la collection les emportements de divas, ces raquettes brisées qui ont tout autant fait l’histoire du jeu. « Quand des joueurs cassent des raquettes, je ne le vis pas très bien…, souffle le retraité. Moi des raquettes, je n’en ai jamais cassé ! » En furieux des courts, Benoît Paire peut passer son chemin. L’ancien joueur Patrice Dominguez, disparu en 2015, a, lui, récompensé le travail de fourmi de Jean-Claude Marty en préfaçant le premier de ses deux ouvrages consacrés à la raquette.
Environ 200 passionnés ont découvert ce petit musée privé, niché à quelques mètres du terrain en gazon synthétique qu’ont fait construire les époux Marty (Hélène, sa femme, est bénévole du tournoi féminin de Limoges). La suite ? « J’espère que le lieu me survivra », souffle le septuagénaire nontronnais. D’autant qu’il doit encore achever une dernière quête : mettre la main sur l’exemplaire lauréat du tournoi messieurs de Wimbledon 1991, une pièce unique qui n’a pas été commercialisée, ayant appartenu à l’Allemand Michael Stich. « C’est une raquette qui n’a pas de prix… », assure Jean-Claude Marty, aussi membre d’un club européen de collectionneurs de raquettes. L’ancien tennisman a eu vent de sa folie. L’a fait savoir à un homologue Outre-Rhin. Le colis doit partir bientôt. Et le dernier trou sera comblé.
Pratique. Visites gratuites sur rendez-vous, réservation au 06 70 77 17 91. Jean-Claude Marty a publié deux ouvrages, dont « Roland Garros : un stade, un tournoi, des vainqueurs, des raquettes » (Éditions Book Envol).