A Val-de-Reuil, tentative d’apaisement après une polémique autour de la scolarisation d’une enfant handicapée

Enseignants menacés et terrorisés, policiers en faction devant les grilles d’une école élémentaire, maire accusé de racisme et essuyant des tombereaux d’injures sur les réseaux sociaux. Quand ce ne sont pas carrément des appels au meurtre… Val-de-Reuil, ville nouvelle populaire du nord de l’Eure sortie de terre ex nihilo au début des années 1980, se retrouve prise dans un conflit opposant la mère d’une élève handicapée à la communauté éducative.

La situation, explosive depuis plusieurs semaines déjà, a totalement dégénéré mi-mai, au point de pousser l’ensemble des enseignants de l’école du Pivollet à exercer leur droit de retrait et à se mettre en grève lundi 22 mai. Les cours ayant repris mardi, le semblant d’apaisement entrevu depuis quarante-huit heures reste à confirmer et masque à peine une tension latente.

Installée depuis février à Val-de-Reuil, Aminata P. – sollicitée par Le Monde, elle n’a pas donné suite – est la mère de Meïra, 11 ans, élève de CM1 souffrant de troubles autistiques. Une place en classe spécialisée ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire) dans une commune alentour avec prise en charge du transport est proposée à la famille. La mère refuse, comme c’est son droit, et sa fille est admise au sein d’un établissement ordinaire, l’école du Pivollet, avec l’aide à temps complet d’une accompagnante d’élèves en situation de handicap. Selon le rectorat de l’académie de Rouen – aucun des enseignants ne s’exprimant devant la presse –, cette solution se solde par un échec. Il explique dans un communiqué qu’a été « jugée préférable la scolarisation de l’enfant en classe ULIS, initialement envisagée, compte tenu de ses besoins particuliers ». « Les instituteurs assurent que c’est impossible. La petite a des crises qui font peur aux autres élèves et la directrice a dû appeler les pompiers », indique Marc-Antoine Jamet, maire socialiste de Val-de-Reuil.

« Tsunami de haine »

Très active sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok où elle est suivie par plus de 140 000 personnes, Aminata P. multiplie les vidéos publiques dans lesquelles elle attaque violemment l’équipe enseignante. Dans certaines d’entre elles, elle dénonce du harcèlement et des violences à l’encontre de son enfant, accusations fermement démenties par le corps enseignant. Dans une autre, vue plus de six millions de fois, on la voit devant l’école, où sa fille, exclue temporairement, est empêchée d’entrer. « Des menaces ont été proférées par cette dame contre un instituteur et la directrice », affirme le maire, qui a envoyé la police municipale devant l’école. L’élu, également pris pour cible dans ces vidéos, est, lui, accusé de discrimination et de racisme : « Elle ne connaît manifestement pas la ville, la plus pauvre de Normandie, accueillant soixante-dix nationalités et considérée comme l’une des plus inclusives », lâche-t-il.

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