
La plaignante suisse, R. A. D., n’a pas voulu entendre le mot « acquittement ». Décomposée, elle a quitté la salle d’audience, mercredi 24 mai, dès que le président Yves Maurer-Cecchini a déclaré : « Le tribunal n’a pas été en mesure de se forger une intime conviction au-delà du doute insurmontable. » Tariq Ramadan a esquissé un léger sourire en direction de ses avocats avant de se caler, le dos bien droit, sur son banc. Une fois le jugement prononcé, il a rejoint sa femme et ses enfants qui l’attendaient dans la cour du palais de justice de Genève, soulagés et en larmes.
Avant d’annoncer les raisons qui l’ont conduit à acquitter Tariq Ramadan, le président a tenu à préciser, à titre liminaire, qu’il n’appartenait pas au tribunal « de se prononcer, de manière générale, sur les pratiques sexuelles et la moralité » du prévenu, « ni sur les mouvements sociétaux actuels », mais « uniquement de juger le prévenu sur la base du dossier de la procédure et de l’acte d’accusation ».
Le récit de la plaignante, relève le tribunal, a été « globalement constant et détaillé, même
si émaillé de certaines contradictions ». « S’il n’y a aucun doute que la plaignante a mal vécu la soirée », poursuit-il, son récit n’est « toutefois corroboré par aucun élément matériel, tel que des traces de sperme ou de sang, des images de vidéosurveillance de l’hôtel ou des constats de lésions traumatiques ». Les juges soulignent également que les déclarations figurant à la procédure « constituaient des témoignages indirects, qui plus est recueillis près de dix ans après les faits », lesquels présentent, selon eux, un « risque élevé de confusion et d’altération lié non seulement à l’écoulement du temps mais également à l’importante médiatisation de l’affaire, notamment en raison d’une procédure française ouverte pour viols à l’encontre du prévenu ».
Parmi les éléments venus conforter le doute en faveur de Tariq Ramadan, le tribunal retient « les nombreux échanges intervenus sur Internet entre la plaignante suisse et plusieurs personnes impliquées dans la procédure française », en considérant que ceux-ci étaient « de nature à influencer » tant le récit de R. A. D., que ceux des témoins entendus pendant l’enquête. Il estime que « l’activité soutenue » de la plaignante sur les réseaux sociaux, notamment sur un blog intitulé « Va, cours, vole et nous venge » montre « une certaine volonté de faire chuter Tariq Ramadan mais qu’on n’y trouve pas la mention de viol et de contrainte sexuelle ».
Notes des psychiatres « contradictoires »
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