Assaut du Capitole : Stewart Rhodes, le chef de la milice des Oath Keepers, condamné à dix-huit ans de prison

Stewart Rhodes (à l’écran), fondateur des Oath Keepers, lors d’une audience du comité restreint de la Chambre enquêtant sur l’attaque du 6 janvier contre le Capitole, à Washington, le 9 juin 2022.

« Monsieur, vous représentez une menace continue et un péril pour ce pays, pour la république et le tissu même de notre démocratie. » Par ces mots solennels, le juge Amit Mehta s’est adressé à Stewart Rhodes, jeudi 25 mai. Le magistrat prononçait la peine exemplaire – dix-huit ans de prison – retenue contre le fondateur des Oath Keepers, une milice armée extrémiste et raciste, en première ligne de l’assaut du 6 janvier 2021 contre le Capitole. Il s’agit d’une étape importante et très attendue, dans la très longue traque des participants à cette tentative d’interruption par la violence de la transition démocratique entre deux présidents.

Au total, près de mille personnes ont été inculpées au niveau fédéral, dont 650 condamnées. Mais le cas Rhodes est le plus lourd à ce jour, le plus symbolique aussi pour le ministère de la justice, qui a choisi de le poursuivre pour « conspiration séditieuse ». Le fondateur des Oath Keepers, âgé de 57 ans, s’est présenté devant le tribunal comme un « prisonnier politique », citant Le Procès, de Franz Kafka, ou encore le dissident soviétique Alexandre Soljenitsyne. « Mon seul crime est de m’opposer à ceux qui détruisent le pays », a-t-il prétendu.

Le ministère public est parvenu à convaincre le juge de retenir contre lui le chef de terrorisme, même si la peine demandée – vingt-cinq ans – a été réduite à dix-huit ans. « Il ne s’agissait pas de faire exploser un bâtiment », a fait valoir Kathryn Rakoczy, l’une des représentantes du parquet, tout en notant qu’« organiser une force armée » et plaider pour « une guerre civile sanglante » s’en rapproche, selon elle.

En décembre 2020, juste après le vote formel des grands électeurs en faveur de Joe Biden, vainqueur de l’élection présidentielle, Stewart Rhodes avait publié une lettre ouverte sur son site, appelant Donald Trump à invoquer l’Insurrection Act. Cette loi vieille de deux siècles lui aurait permis de mobiliser la garde nationale et des milices armées pour contrer une supposée tentative de coup d’Etat. Le leader des Oath Keepers désignait Joe Biden et la vice-présidente, Kamala Harris, comme des ennemis du peuple. « Si vous renoncez à agir tant que vous êtes en fonction, écrivait-il, nous, le peuple, devront mener une guerre sanglante contre ces deux marionnettes illégitimes de la Chine. »

Culpabilité par association

Le 6 janvier, Stewart Rhodes et ses hommes, vêtus façon commando, ont dissimulé des armes en quantité dans des hôtels à proximité du centre de Washington. Puis ils ont convergé vers le Capitole. Le chef lui-même n’a pas pénétré dans le bâtiment, mais tous étaient en contact radio. Les autres membres ont ouvert la voie à la foule des partisans de Donald Trump pour forcer les maigres barrages policiers, briser les vitres, forcer les portes d’entrée. Kelly Meggs, l’un des adjoints de Stewart Rhodes, a été condamné, jeudi, à douze ans de prison.

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