
Les moustiques sont de sortie. Partout en France, les insectes voraces perturbent les premiers désirs de barbecue. C’est le moment qu’ont choisi les chercheurs de l’Institut polytechnique et université d’Etat de Virginie – connu sous le nom de Virginia Tech – pour nous annoncer une mauvaise nouvelle : la plupart des savons parfumés que nous utilisons dopent l’appétit des femelles pondeuses – puisque ce sont elles, et seulement elles, qui piquent.
Professeur assistant dans l’université américaine et cocoordinateur de l’étude, le Français Clément Vinauger explique le mécanisme, décrit dans la revue iScience du 10 mai : « Les femelles moustiques ont besoin de sang pour obtenir les protéines nécessaires à la production d’œufs. Mais les femelles, tout comme les mâles, ont aussi besoin de sucres provenant de plantes pour obtenir l’énergie nécessaire à leur métabolisme. Pour trouver ces ressources, ils utilisent des composés volatils émis par ces dernières. Mais ce qui nous différencie d’autres animaux, c’est que, chaque jour, nous employons des produits cosmétiques ou d’hygiène, comme les savons, et les appliquons sur notre peau. » Des produits destinés à flatter nos narines, exhalant souvent de douces senteurs végétales. « Du point de vue des moustiques, nous sommes donc une ressource qui sent à la fois comme un animal et une plante, poursuit le chercheur. Cependant, l’effet de l’ajout de ces composés émis par les plantes à notre odeur corporelle sur la réponse des moustiques n’avait jamais été testé. »
Pour entreprendre cette étude, l’équipe qu’il anime avec la Française Chloé Lahondère a utilisé des méthodes que le chercheur qualifie d’« assez conventionnelles ». Quatre volontaires ont été recrutés afin de tester sur chacun successivement les quatre principaux savons vendus aux Etats-Unis : Dial, Dove, Simple Truth et Native (en France, Dove est le seul commercialisé). Chaque fois, ils étaient invités à se laver l’un des deux bras, à se contenter de rincer l’autre, puis à porter pendant une heure des manchons en Nylon afin que le tissu s’imprègne de l’odeur émise : celle du corps d’un côté, du corps et du savon de l’autre. Ne restait plus qu’à étudier les deux pièces de tissu pour chaque volontaire, une opération renouvelée pendant plusieurs mois.
Comptage des atterrissages
L’analyse chimique au spectrographe de masse a permis de déterminer les composés émis. Et là, premier résultat remarquable : alors que l’odeur corporelle humaine est composée de 80 % d’aldéhydes, de cétones, d’acides carboxyliques et d’alcool, « ce que l’on sent après lavage provient à plus de 50 % du savon et est largement dominé par une classe chimique que l’on appelle les terpènes et qui sont typiquement produits par les plantes », indique Clément Vinauger.
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