
Avec la démission de huit élus de la majorité municipale, précédées déjà par trois autres démissions, soit plus d’un tiers du conseil municipal qui pour une commune comme Saint Antonin est de 19 membres, des élections devraient avoir lieu rapidement, peut-être en septembre. En tout état de cause la décision appartient au préfet. De fait, les quatre conseillers de l’opposition municipale prennent position et nous font part de leurs sentiments et de leur projet.
-Après ces démissions, quels sont vos sentiments et comment comptez-vous réagir ?
« Le point positif, c’est qu’il était temps de revenir à une gestion plus saine, démocratique et efficace en repassant par les urnes ! Les électeurs de Saint Antonin ont subi comme nous les conflits de la précédente équipe, au détriment des projets de la commune. Les 9 ex-membres de la majorité ont enfin renoncé à faire un putsch interne et se sont manifestement résolus à s’en remettre aux électeurs. Mais pourquoi démissionner maintenant, alors qu’ils auraient pu le faire bien avant ? Démissionner juste avant l’attribution des subventions à la maison de santé va contribuer à mettre ce projet en danger. Nous les avions encore interrogés au dernier conseil municipal (le 15 mai) sur leur vision de ce projet. Qu’ont-ils à proposer de constructif ? Rien ! Ils « ne veulent pas de ce projet à 3 Millions d’€ » pour lequel pourtant nous étions largement subventionnés… Et proposent une démarche participative « comme pour la place des Moines »… Si leur idée était que les habitants participent au projet, que ne l’ont-ils proposé lors des comités de pilotage de la maison de santé quand il était encore temps. En somme, pour des inimitiés personnelles entre ex-colistiers, on joue l’avenir de la commune et de ses habitants à la roulette russe, sans aucun contre-projet. On prend le risque de voir partir nos soignants, d’avoir gâché près de 220 000 € d’honoraires d’études, et des années de travail… Quelle irresponsabilité ! »
Quel est votre bilan en tant qu’opposition ?
« Le mépris dont se plaignent les 9 ex-membres de la majorité depuis quelques mois, nous l’avons vécu pendant 3 ans, sans que d’ailleurs cela ait semblé les déranger à l’époque… Et alors qu’ils avaient des délégations importantes. Chaque équipe représente pourtant une part du village, la mépriser c’est mépriser une partie des habitants.
Pour notre part, nous sommes restés fidèles à nos principes. Nous avons refusé les compromis de couloir et les alliances opportunistes, tout en maintenant le dialogue indispensable avec tous les élus. Nous avons gardé notre liberté de pensée : sur certains dossiers complexes on ne peut pas être catégorique et dire blanc ou noir. Nous assumons de penser de manière nuancée, et toujours en ayant en tête le bien du village au-dessus des logiques partisanes. »
Quel est votre projet aujourd’hui ?
« Nous relançons une liste, sans étiquette, qui veut défendre une autre façon de travailler et de débattre. Nous voulons recréer de l’écoute, de la discussion et des projets partagés à la fois avec les autres élus et les habitants.
Après trois ans de paralysie et à moins de trois ans de la fin du mandat, il est urgent de s’occuper de l’avenir. Et de nous engager pour un village vivant, solidaire et attractif ! »
Après huit mois de tensions, le conseil municipal a fini par imploser. Le mardi 16 mai, huit élus de la majorité municipale conduite par le maire élu en 2020, Denis Ferté, ont jeté l‘éponge. Après la démission de trois autres élus du même camp majoritaire, quelques semaines plus tôt, le maire se retrouve, aujourd’hui, face à une véritable impasse. Des dix-neuf élus issus du scrutin du printemps 2020, il n’en reste désormais plus que dix, dont quatre de l’opposition. De fait, de nouvelles élections municipales devraient avoir lieu cet été. La date exacte n’est pas encore connue mais, selon la loi, le scrutin doit être organisé sous trois mois. La décision appartient au Préfet. En attendant, le vent de la rébellion avait commencé à souffler en octobre dernier au sein de la majorité municipale, la méthode du maire Denis Ferté étant pointée du doigt par les onze élus démissionnaires de sa majorité. « Nous nous sommes engagés en 2020 sur une liste dont la tête de liste affirmait vouloir mettre en œuvre une gouvernance collégiale et de proximité, et qui allait se nourrir de la participation de tous. Notre déception a été à la hauteur de nos espérances initiales. C’est une gouvernance à deux qui s’est vite mise en place, avec un fonctionnement opaque et autoritaire, excluant toute critique et tout travail collectif ». Au passage, les démissionnaires taclent aussi certains membres de l’opposition « d’une surprenante complaisance vis-à-vis du maire qui ressemble de plus en plus à une alliance qui ne dirait pas son nom ».
Ce qui a mis le feu aux poudres c’est le vote contre de 9 élus de la majorité sur le projet de création d’une maison de santé, estimée à 2,3 millions d’euros (HT).
De son côté, le maire Denis Ferté se dit inquiet car, selon lui, les démissionnaires ont agi « dans le but de déclencher des élections générales et de stopper la réalisation de notre projet de maison de santé pluriprofessionnelle. Je suis triste à la possibilité de l’abandon de notre projet, en phase d’aboutissement et qui pourrait provoquer le départ de nos médecins. Je suis triste à l’idée que ce projet structurant pour le territoire, regroupant l’ensemble des professionnels de santé, tous volontaires puisse être abandonné, sans solution réaliste de remplacement. Je suis triste à la perspective que Saint Antonin puisse rentrer dans la longue liste des déserts médicaux ».