
Comment les Français ont-ils passé l’hiver ? Comment ont-ils vécu la flambée des prix de l’énergie, puis la hausse continue des prix alimentaires ? Pour raconter comment une famille s’adapte, nous avons demandé à Amandine Batelier, aide à domicile à temps partiel, de la suivre, elle, son conjoint et ses trois enfants, pendant quelques mois.
« Si ça peut permettre à d’autres de se rendre compte », a-t-elle répondu. Se rendre compte de ce qu’est le quotidien de ceux qui comptent tout et ne gaspillent rien, de ceux qui ont les salaires les plus modestes. Tranches de vie d’une femme de la classe moyenne dans la France bouleversée de ce début 2023.
« On se prive un peu, mais on a un toit et du chauffage, c’est déjà pas mal »
Amandine Batelier, 39 ans, son conjoint, Charles, soudeur, et leurs trois filles de 5 à 11 ans vivent à Dives, un village de l’Oise, à une trentaine de kilomètres de Compiègne. « Ici, il y a plus de vaches que d’habitants », dit-elle en souriant. Quand on la rencontre avant Noël, le gouvernement vient d’annoncer de nouvelles mesures pour aider les Français à faire face à la flambée des coûts de l’énergie.
« Je suis à temps partiel, mais ça occupe toute la journée »
Amandine est aide à domicile depuis deux ans, à temps partiel – dans ce métier, les temps plein n’existent pratiquement pas. Cent trente heures par mois payées au smic, plus les heures complémentaires (on nomme ainsi les heures supplémentaires pour les temps partiels) pour s’occuper de personnes âgées ou en situation de handicap. Son conjoint est soudeur. Avec les heures supplémentaires et le travail certains samedis, il gagne jusqu’à 2 000 euros par mois.
« Grâce aux œufs de nos quatre poules, on a toujours des protéines »
Selon l’Insee, si les prix à la consommation ont augmenté de 5,9 % sur un an en avril, ceux de l’alimentation ont connu une hausse de 14,9 %. Amandine fait partie de ces Français qui n’ont pas besoin des communiqués de l’Insee pour se rendre compte que tout augmente. Elle est de ceux qui connaissent le prix de tout et mesurent chaque dépense. Les courses, la plupart du temps, c’est au supermarché Leclerc de Lassigny, à six kilomètres de chez elle.
« Les tablettes, le Père Noël les a payées en quatre fois sans frais »
Que s’autorise-t-on comme loisirs quand on peine à boucler les fins de mois ? Chez Amandine, si on fait attention à chaque dépense, c’est aussi pour ne pas avoir à se priver de tout.
« Mon réservoir, il est plus garni que mon frigo ! »
Amandine garde toujours en tête les moments où il faut débourser plus d’argent que d’habitude : Noël, les anniversaires, « le moment des impôts ». « Et quand on sort enfin la tête de l’eau, il y a toujours un truc qui ne va pas. » Souvent, la voiture ! Par chance, le garage accepte les paiements en plusieurs fois. Car, en six mois, le véhicule y est allé à deux reprises, une fois pour les freins, une autre pour la portière avant, qui ne fermait plus. « Mon garagiste m’a dit que ça arrivait à ceux qui ne font que monter et descendre, comme les facteurs ! » Sa voiture, elle y passe ses journées. Dedans, c’est un peu le bazar. Entre les boîtes de masques et celles de gants vinyle, on trouve même des livres politiques !
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