« Derrière la contre-offensive militaire que prépare l’Ukraine, des arrière-pensées diplomatiques encore incompatibles »

Le rendez-vous est resté discret, objet d’un communiqué succinct du ministère des affaires étrangères : l’émissaire chinois Li Hui a rencontré, mardi 23 mai, Frédéric Mondoloni, le nouveau directeur général des affaires politiques et de sécurité du Quai d’Orsay, successeur de Philippe Errera, qui vient de quitter ses fonctions après quatre ans de bons et loyaux services pour rejoindre le groupe Safran. Le diplomate chinois est en tournée en Europe pour discuter du « règlement politique » du conflit en Ukraine, quinze mois après le début de l’invasion russe.

L’ancien ambassadeur de Chine en Russie vient, pour la première fois depuis le début de la guerre, de passer deux jours à Kiev, avant de se rendre à Varsovie, à Paris puis à Berlin et à Moscou. Son interlocuteur français, chargé jusqu’ici de l’Europe continentale, s’est réjoui de « la reprise du dialogue entre la Chine et l’Ukraine », quelques semaines après un appel inédit de Xi Jinping à Volodymyr Zelensky. M. Mondoloni a souhaité que la Chine joue « un rôle constructif » pour tourner dès que possible la page de la guerre.

Tout autant que l’arrivée surprise du président ukrainien au sommet du G7, à Hiroshima, au Japon, samedi 20 mai, à bord d’un avion officiel français, ces rendez-vous plus ou moins médiatiques témoignent d’une réalité encore embryonnaire : tandis que l’Ukraine prépare une vaste contre-offensive dans l’espoir de récupérer un maximum des territoires occupés par les forces russes, d’aucuns veulent regarder au-delà de l’horizon militaire, lorsque Kiev aura atteint, ou pas, ses objectifs de reconquête – tenus secrets à ce jour pour d’évidentes raisons tactiques.

Cette campagne annoncée, soutenue à bout de bras par les alliés occidentaux de M. Zelensky, s’accompagne de grandes manœuvres diplomatiques, encore désordonnées tant les avis divergent sur l’opportunité, et la meilleure façon, de cesser les hostilités, voire de négocier la paix. Derrière la contre-offensive se cachent en effet de multiples arrière-pensées encore incompatibles.

Si sa priorité est d’optimiser le soutien militaire de ses alliés, par le biais d’avions de chasse notamment, M. Zelensky n’est pas le dernier à se positionner sur le terrain diplomatique. A Bali, lors du sommet du G20 de novembre 2022, c’est lui qui avait mis sur la table un « plan de paix », en concertation avec les Occidentaux, dans l’idée de contrer les appels au cessez-le-feu venus des pays émergents « non alignés » et/ou proches de la Russie. C’est lui aussi qui parle depuis décembre d’un improbable, étant donné les circonstances, « sommet pour la paix ».

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