DOSSIER. Soignants, maires, professeurs… une montée de la violence qui inquiète

l’essentiel La France est sous le choc après l’agression mortelle de Carène Mezino, infirmière du CHU de Reims par un homme souffrant de troubles psychiatriques. Ce drame survient dans un contexte de montée des violences incontestable et contre laquelle le gouvernement entend lutter.

Soignants, maires, professeurs… Ils sont de plus en plus la cible d’une violence qui n’a jamais été aussi forte dans notre société. Le décès de Carène Mezino, infirmière agressée au couteau au sein du CHU de Reims par un homme souffrant de troubles psychiatriques, a provoqué une profonde émotion chez les soignants et dans l’opinion publique. Ce drame rappelle le contexte édifiant de la hausse des faits de violences contre les personnes chargées d’une mission de service public en France ces dernières années.

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François Braun, ministre de la Santé, a promis de tirer rapidement les leçons de l’agression mortelle : « Je réunirai avant la fin de la semaine un comité avec toutes les parties prenantes, les syndicats, les professionnels » pour « voir ce que l’on peut faire pour garantir encore plus de sécurité pour les soignants ». Une question devenue primordiale pour ces professions 

« Un contexte général marqué par plusieurs faits de violence »

La Fédération hospitalière de France a souligné dans un communiqué que « cette agression » s’inscrivait « dans un contexte plus général marqué, ces dernières années, par plusieurs faits de violence physique ou verbale dans les hôpitaux publics ». Les violences envers les professionnels de santé ont augmenté de près de 23% en 2022 par rapport à 2021, alerte justement un rapport de l’Observatoire de la sécurité des médecins dévoilé mardi. « Malheureusement, les soignants sont de plus en plus visés par des actes de violence : 37% des professionnels de santé disent en avoir été victimes l’an dernier », réagit aussi le président de Fédération de l’hospitalisation privée, Lamine Gharbi.

Un professeur sur deux victimes d’agression physique ou verbale

Autre corps de métier, même émoi… Trois mois avant la soignante de Reims, Agnès Lassalle, professeure d’espagnol était mortellement blessée à l’arme blanche dans le lycée privé Saint-Thomas-d’Aquin de Saint-Jean-de-Luz. Le drame avait secoué le pays et réouvert un débat devenu récurrent : l’explosion du nombre de faits de violences contre les professeurs. Un rapport de l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès pointait déjà en 2021 qu’un professeur sur deux avait déjà été victime d’agression physique ou verbale au cours de sa carrière de la part d’élèves ou de leurs parents.

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Un peu moins de la moitié d’entre eux (45%) ont ainsi fait l’objet d’insultes lors de face-à-face, 28% de menaces d’agression et 21% d’agression physique légère (soit sans interruption temporaire de travail).

Un bond de 32% des agressions contre les élus

Voitures brûlées, agressions physiques, menaces… les élus sont aussi la cible de violences de plus en plus nombreuses et de plus en plus graves. Alors que les agressions ne cessent de s’accumuler ces dernières semaines, la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, Dominique Faure, appelait au « choc civique » dans nos colonnes en détaillant un plan d’action contre ces violences. Pour l’année 2022, le nombre de faits répertoriés est passé de 1720 à 2 265, soit un bond de 32%, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur. 

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En février, l’Association des maires de France (AMF) avait de son côté annoncé une progression de 15 % en 2022 des outrages, menaces et violences physiques à l’encontre des maires et conseillers municipaux. Dans les deux cas, cependant, il s’agit de « faits », car les élus ne déposent pas toujours plainte. Sept fois sur dix, ce sont des menaces, des injures ou des outrages qui sont rapportés. Et comme l’avait commenté Dominique Faure, « dans la plupart des cas, l’élu n’est pas agressé pour ce qu’il pense ou ce qu’il porte, mais pour ce qu’il est. »