En 2022, plus de 43 000 signalements de disparition de mineurs, en très grande majorité pour fugue

En 2022, 43 202 disparitions de mineurs ont été signalées aux services de police et de gendarmerie. Soit un enfant toutes les douze minutes, calcule la fondation Droit d’enfance, qui rend publics ces chiffres du ministère de l’intérieur dans un rapport, jeudi 25 mai, à l’occasion de la Journée internationale des enfants disparus. Ce faisant, la structure, qui gère le numéro d’urgence 116 000 Enfants disparus, veut alerter sur un phénomène assez largement passé sous silence, et insister sur les dangers encourus par les jeunes concernés.

A noter que ces 43 202 signalements ne correspondent pas à 43 202 enfants disparus ; un mineur peut en effet faire l’objet de plusieurs signalements. A titre d’exemple, parmi les 1 311 nouveaux dossiers traités en 2022 par le 116 000, la moitié environ concernait des jeunes qui avaient déjà quitté le domicile.

Derrière ce chiffre global se cachent plusieurs réalités. Dans l’immense majorité des cas, il s’agit de mineurs qui fuguent (95 % des signalements), pour une durée de quelques heures à quelques semaines. Le premier motif de départ est alors, sans grande surprise, le « conflit parent-enfant », indique Julien Landureau, chargé de plaidoyer de la fondation Droit d’enfance. L’équipe d’écoutants du 116 000 Enfants disparus, destinataire en 2022 de 3 559 appels de parents ou de proches, relève également comme déclencheurs des situations de harcèlement ou de violences, ou l’influence d’un tiers.

Les raisons qui ont pu pousser l’enfant à prendre le large

« Il peut s’agir de jeunes qui partent pour fuir quelque chose, un éventuel danger là où ils vivent, mais aussi pour rejoindre quelqu’un, ou de jeunes victimes d’une souffrance psychique qu’ils n’arrivent pas à formuler, et, dans ce cas, la fugue peut être le signe d’un mal-être vraiment profond et une manière de le signifier », détaille Samia Hamonic, éducatrice spécialisée et écoutante au numéro d’urgence. Près de 20 % des dossiers traités par le 116 000 concernent des fugues d’établissements de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ou de structures de soins.

Les écoutants, sollicités par des familles désemparées, parfois sidérées, s’attachent à travailler avec elles sur les raisons qui ont pu pousser l’enfant à prendre le large, mais également sur la façon d’accompagner leur retour. « On les aiguille aussi sur la manière de répondre quand l’enfant les contacte », explique Samia Hamonic. Il arrive en effet que des échanges, même ponctuels, perdurent entre l’enfant et sa famille le temps de la fugue.

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