En Iran, Ali Akbar Ahmadian succède à Ali Shamkhani comme chef de la sécurité

Ali Akbar Ahmadian, général sexagénaire, a été nommé secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale en Iran par décret présidentiel, lundi 22 mai. Cette instance est chargée de définir les politiques de défense et de sécurité iraniennes. Ses décisions sont avalisées par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Le secrétaire, la principale position au sein de cet organisme, est chargé de superviser l’exécution des décisions du Conseil.

M. Ahmadian, qui a fait ses études à l’université de la défense nationale, était jusqu’à présent responsable du centre stratégique des gardiens de la révolution, selon l’agence de presse de la république islamique (IRNA). Ce dentiste de formation a occupé des postes-clés au sein du corps des gardiens de la révolution, armée idéologique de la République islamique. Ce général a vivement soutenu la « présence » de l’Iran « hors de ses frontières », la saluant comme « une puissance nationale ». En février, il a décrié les Occidentaux pour avoir critiqué « l’exportation [par l’Iran] d’armes vers la Russie », selon l’IRNA.

Placé sur la liste noire établie par les Etats-Unis depuis 2007, il était aussi jusqu’alors membre du Conseil de discernement, une assemblée chargée de conseiller le guide suprême. Au cours de sa carrière, le général a été commandant de la marine des gardiens et son chef d’état-major interarmées, selon la présidence. L’IRNA rapporte qu’il était « camarade du général Ghassem Soleimani dans la 41division de l’armée de Sarallah ». M. Soleimani avait été tué dans la nuit du 2 au 3 janvier 2020 à Bagdad par une attaque américaine.

Ali Akbar Ahmadian est nommé alors que l’Iran fait face à la pression économique continue des sanctions occidentales, aux défis après des mois de protestations contre la mort de Mahsa Amini – morte alors qu’elle était détenue par la police de la moralité iranienne – et à une récente désescalade avec ses voisins, en particulier l’Arabie saoudite.

Le prédécesseur Ali Shamkhani critiqué

M. Ahmadian remplace ainsi l’influent Ali Shamkhani. Ce dernier avait occupé pendant dix ans le poste de secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale et avait la confiance de la théocratie iranienne et de l’ayatollah Ali Khamenei. Il avait joué un rôle-clé dans les négociations avec les Etats arabes du Golfe alors qu’ils cherchaient à désamorcer les tensions, notamment en étant sur place pour la détente annoncée entre l’Iran et l’Arabie saoudite conclue en Chine.

Mais Ali Shamkhani a de plus en plus été critiqué au sein de la théocratie. Les prétendus procès-verbaux divulgués plus tôt cette année d’une réunion entre M. Shamkhani et des responsables des gardiens de la révolution ont ravivé les accusations de corruption à son encontre, notamment pour des affaires immobilières et maritimes liées à sa famille. Il a publiquement nié toutes les allégations auxquelles il était confronté. Dimanche 21 mai au soir, l’homme a publié de façon énigmatique un vers du poète persan du XVIe siècle Mohtasham Kashani sur Twitter.

Ali Shamkhani était un guérillero urbain pendant la révolution islamique de 1979 et a également commandé plusieurs opérations militaires réussies pendant la guerre de huit ans entre l’Iran et l’Irak dans les années 1980. Il est issu de la minorité arabe et a également été commandant du corps des gardiens de la révolution. En septembre 2013, il avait remplacé l’ultraconservateur Saïd Jalili à la tête du Conseil suprême de la sécurité.

Le Monde avec AP et AFP