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En Israël, le budget cimente l’autonomie des ultraorthodoxes

Un membre de la communauté du « garin torani » (« noyau de la Torah ») donne un cours religieux dans une synagogue de Ramat Hasharon (Israël), le 23 avril 2023.

Après une laborieuse nuit blanche, la coalition au pouvoir en Israël a voté à l’aube, mercredi 24 mai, un budget annuel controversé qui doit lui permettre de s’inscrire dans la durée. C’est le premier que Benyamin Nétanyahou parvient à boucler depuis 2019. Le premier ministre entend ainsi tourner la page de quatre années instables durant lesquelles il s’est maintenu sans majorité au pouvoir – impliquant une gestion chaotique des finances publiques – et d’une cinquième passée dans l’opposition. Sans oublier les quatre premiers mois de son retour aux affaires, en décembre 2022, accaparés par sa réforme de la justice inaboutie, qui a fait naître contre lui le plus important mouvement de protestations de l’histoire d’Israël.

M. Nétanyahou s’est montré généreux à l’égard de ses alliés fondamentalistes religieux (32 sièges sur 120 à la Knesset), dont trois partis menaçaient de voter contre son budget. Le chef de l’opposition, le centriste Yaïr Lapid, a critiqué « une extorsion sans fin ». Il dénonce l’allocation aux ministres issus de ces factions de près de 4 milliards d’euros de fonds discrétionnaires sur un an, destinés à leurs communautés. Cela inclut les représentants du parti Sionisme religieux de Bezalel Smotrich, le ministre des finances qui a promis de doubler la population juive des colonies de Cisjordanie pour qu’elle atteigne un million d’âmes (sans compter les colonies de Jérusalem-Est).

Les principaux bénéficiaires sont les ultraorthodoxes, qui consolident les digues isolant leur communauté du monde moderne, aux frais de l’Etat. D’importants financements sont alloués à leurs écoles religieuses, la base de leur pouvoir. La coalition se refuse à exiger en contrepartie que ces écoles enseignent des matières profanes (mathématiques ou histoire), auxquelles nombre d’enfants ultraorthodoxes n’ont pas accès. Les haredim (ceux qui « craignent » Dieu) obtiennent aussi une hausse des allocations aux étudiants adultes des séminaires, qui les dissuadent de rejoindre le marché du travail. Seul un homme haredi sur deux travaille. Les autres étudient à vie.

Mise en garde de 200 économistes

Ces concessions exaspèrent l’Israël laïque et libéral qui manifeste depuis janvier contre la politique du gouvernement et s’indigne de « l’autonomie » insoutenable à long terme des haredim, représentant 13 % de la population. Croissant plus vite que tout autre communauté, ils pourraient être majoritaires d’ici cinquante ans, avec leurs alliés sionistes religieux. Le 19 mai, une animatrice de télévision, Galit Gutman, a suscité l’émoi en affirmant que « les ultraorthodoxes sucent notre sang ». Le 21 mai, deux cents économistes ont mis en garde le gouvernement contre ces aides accrues aux haredim, qui entraîneront selon eux « des dommages importants et de long terme à l’économie d’Israël, ainsi qu’à son avenir en tant que pays prospère ».

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