
Donald Trump se focalise sur Ron DeSantis, qui se focalise sur Donald Trump. Ainsi se dessine, pour l’instant, la course à l’investiture républicaine. Mais, à dix-huit mois de l’élection présidentielle, la distance paraît encore longue et des surprises sont possibles, malgré la marge de l’ancien président dans les sondages. Cinq autres candidats ont déjà posé le pied dans l’arène à ce stade, dans l’espoir de perturber la confrontation entre les deux favoris : le présentateur radio Larry Elder, l’ancien gouverneur de l’Arkansas Asa Hutchinson, l’entrepreneur Vivek Ramaswamy, l’ex-gouverneure de Caroline du Sud Nikki Haley et enfin le sénateur Tim Scott. Pour tous, la même quadrature du cercle : comment présenter une offre alternative séduisante à celle de Donald Trump sans s’aliéner la base de ses fidèles, ce monde MAGA (Make America Great Again) devenu le noyau dur du Parti républicain ?
Après deux mois d’activité intense en coulisses, Tim Scott, 57 ans, a annoncé sa candidature le 22 mai à North Charleston, en Caroline du Sud. « Bonne chance ! », lui a souhaité à distance Donald Trump, une amabilité qui dit le goût de l’ancien président pour la multiplication des candidatures. Celle-ci lui avait permis de triompher en 2016, à la surprise de la quasi totalité des commentateurs.
Tim Scott dispose d’une réserve financière de 22 millions de dollars et d’une image très favorable dans l’aile traditionnelle du Grand Old Party (GOP). Il bénéficie notamment du soutien de John Thune (Dakota du Sud), le numéro deux républicain au Sénat. Charismatique et à l’aise sur scène, moins en interview dès qu’une question le surprend, Tim Scott a parlé du « miracle de l’Amérique », de sa mère, conviée à ses côtés, et des pères fondateurs du pays.
Noir d’origine modeste, il a beaucoup insisté sur son parcours personnel, son émancipation ainsi que sur sa foi chrétienne. Nulle mention de la Chine, de la guerre en Ukraine ou du climat : l’offre politique de Tim Scott se résume à lui-même. Derrière son large sourire et ses plaisanteries se dessine une vision très conservatrice de la société, mais présentée avec énergie et optimisme ; un ton en contraste avec ceux de Donald Trump et de Ron DeSantis, qu’il n’a jamais mentionnés. « Le prochain siècle de l’Amérique commence aujourd’hui », a-t-il conclu. Mais, en prêchant « la compassion pour ceux qui ne sont pas d’accord avec [eux] », Tim Scott peut-il convaincre une base républicaine mue par la colère et le ressentiment ?
Promesse de spectacle
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