Football : Valenciennes dans le viseur de l’homme le plus riche d’Afrique

Le milliardaire nigérian Aliko Dangote, à Lagos, le 22 mai 2023.

Cela fait plusieurs années que le businessman nigérian Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique (avec une fortune estimée à 18,2 milliards d’euros), envisage d’acheter un club de football européen. En 2016 puis en 2021, le milliardaire avait tenté, sans succès, d’acquérir Arsenal, un des fleurons du football anglais, dont il est un grand supporteur.

L’homme d’affaires n’a pas renoncé à son ambition de devenir le seul Africain propriétaire d’un club européen depuis que l’Egyptien Mohamed Al-Fayed a vendu Fulham (Angleterre) en 2013. Comme l’annonçait en avril le journal L’Equipe, il s’intéresse désormais au Valenciennes FC (VAFC), qui évolue en Ligue 2 française. Eddy Zdziech, le président du club, avait alors confirmé au quotidien sportif être disposé à vendre, assurant que des contacts entre les deux parties existaient.

Deux mois plus tard, le dossier du possible rachat de Valenciennes semble en voie de concrétisation. Les représentants d’Aliko Dangote ont émis une première condition non négociable, celle de voir évoluer Valenciennes en Ligue 2 pour la saison 2023-2024. A deux journées de la fin du championnat, l’équipe nordiste occupe la 14e place du classement mais n’est pas encore assurée de se maintenir. Les deux parties doivent en outre s’entendre sur un prix. « La valeur du club est estimée à 15 millions d’euros, une somme à laquelle il faut ajouter une bonne dizaine de millions d’euros afin d’éponger les dettes », estime un actionnaire du VAFC. En cas de vente, Eddy Zdziech devra abandonner la présidence du club.

En avril, le magazine Entreprendre avait pointé le rôle que Jean-Louis Borloo, ancien ministre de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy, joue dans l’affaire. L’ex-maire de Valenciennes (1989-2002) et président du club est à la tête de la fondation Energies pour le monde, active en Afrique, et connaît personnellement Aliko Dangote. « Il est forcément au courant des discussions, car il est en relation avec M. Dangote. On peut même supposer que si ce dernier s’intéresse à Valenciennes, ce n’est pas par hasard. Certes, c’est un club qui a une histoire dans le football professionnel français, qui possède un stade récent, mais en France il y en a d’autres [Saint-Etienne et Dijon, notamment] qui sont potentiellement à vendre », explique Luc Arrondel, directeur de recherche au CNRS, enseignant à l’Ecole d’économie de Paris et spécialiste de l’économie du football. Selon une source proche du Nigérian, celui-ci étudie d’autres pistes au cas où celle menant à Valenciennes échouerait.

Ambition Ligue 1

L’homme d’affaires ne souhaiterait pas, selon nos informations, s’inspirer de la méthode dite du « trading », consistant à acheter – si possible pas trop cher – de jeunes joueurs prometteurs et à les exposer au niveau professionnel pour les revendre, un ou deux ans plus tard, avec une forte plus-value. « Le trading vous éloigne du projet sportif et peut vous faire perdre de l’argent, car c’est un système risqué, poursuit Luc Arrondel. S’il rachète Valenciennes, Aliko Dangote va probablement s’appuyer sur le centre de formation, qui fonctionne bien, car il est conscient que la formation à la française est une référence dans le monde. Il gagnera un peu d’argent en vendant des joueurs formés au club. Avec, à terme, l’ambition de retrouver la Ligue 1. »

Le milliardaire souhaite acheter à moyen terme deux autres clubs dans des pays du top 5 européen (Allemagne, Angleterre, France, Espagne, Italie). Une des opérations serait d’ailleurs finalisée, selon un proche d’Aliko Dangote. « C’est un homme qui aime le football. Lorsqu’on possède une fortune comme la sienne, acheter un club à 15 ou 20 millions d’euros, c’est un investissement raisonnable. Il se fait plaisir et va essayer d’avoir des résultats, ce qui est bon pour la notoriété et pour éviter de perdre de l’argent, ce qui arrive assez souvent dans le football », ajoute Luc Arrondel.

Le rachat d’un ou plusieurs clubs en Europe pourrait permettre à Aliko Dangote de « faire prospérer d’autres marchés en lien avec ses nombreuses activités », selon l’économiste : « C’est une hypothèse plausible, car il reste un homme d’affaires. » S’il tire plus de 80 % de ses revenus de la cimenterie, le sexagénaire est à la tête d’un groupe qui opère dans des secteurs divers tels que l’immobilier, l’agroalimentaire et désormais le pétrole, avec l’inauguration récente d’une mégaraffinerie dans la zone franche de Lekki, en périphérie de Lagos.

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