
France Télévisions a été condamné, jeudi 25 mai, par le tribunal correctionnel de Paris à 1 500 euros d’amende pour la diffusion dans le journal télévisé de France 3 Corse de clichés de l’agression d’Yvan Colonna en prison, en mars 2022.
Le reportage avait été diffusé quinze jours après son agression à la prison d’Arles – où il purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac – par Franck Elong Abé, un détenu condamné dans un dossier terroriste. Le reportage y montrait des captures d’écran issues de la vidéosurveillance de la prison, de manière « brute et non contextualisée », « dans une recherche évidente de sensationnalisme », a estimé le tribunal dans sa décision.
Si Yvan Colonna n’était pas « identifiable » sur les images, « la force d’évocation » des clichés, aidée par le montage du sujet, « n’en est pas moins réelle », dit aussi la décision, qui juge que le reportage n’a pas « d’apport » en termes d’informations. Le reportage avait été mis en ligne sur le site de France 3, mais avait été retiré au bout d’une trentaine de minutes.
Un visionnage « d’une grande violence »
France Télévisions, par le biais de sa patronne Delphine Ernotte, le directeur de la rédaction de France 3 Corse et les deux autrices du sujet ont comparu le 15 mars pour « publications d’actes de procédure pénale avant leur lecture en audience publique » ou complicité de ce délit.
France Télévisions et les deux journalistes autrices du sujet ont été condamnés à 1 500 euros d’amende avec sursis. Elles devront aussi payer un total de 9 000 euros de dommages et intérêts aux proches du militant corse qui s’étaient portés partie civile.
Le directeur de la rédaction de France 3 Corse a lui été relaxé. Contactée par l’Agence France-Presse, France Télévisions n’a pas souhaité réagir. Marie-Laure Barré, avocate de la veuve et de l’un des fils de la victime, a salué cette condamnation, rappelant que le « visionnage de ces images avait été d’une grande violence » pour ses clients.