Gitanas Nauseda, président de la Lituanie : « Avant de discuter de paix, l’Ukraine doit retrouver la souveraineté sur son territoire »

Le président français, Emmanuel Macron, accueille son homologue lituanien, Gitanas Nauseda, à l’Elysée, à Paris, le 24 mai 2023.

Gitanas Nauseda, 59 ans, préside la Lituanie depuis 2019. Cet économiste de formation était, mercredi 24 mai, de passage à Paris pour préparer, avec Emmanuel Macron, le prochain sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) que son pays organise, les 11 et 12 juillet, à Vilnius.

Quelles perspectives entrevoyez-vous concernant l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN ?

Au sommet de Vilnius, la question de l’Ukraine occupera largement les discussions. C’est difficile encore aujourd’hui de trouver la bonne formule. L’Ukraine ne rentrera pas dans l’OTAN en pleine guerre. Mais il n’est pas possible de lui dire que la porte est seulement ouverte sans être plus précis. Il ne faut pas lui envoyer le mauvais signal. On ne peut pas rester sur une solution hybride, incompréhensible.

Nous préparons donc différentes actions. Tout d’abord, mieux l’intégrer militairement à l’Alliance, car l’armée ukrainienne accumule une expérience très importante sur le terrain et dans les combats. Il y a également une solution politique à mettre en place, qui pourrait passer par la création d’un conseil OTAN-Ukraine, une instance pour nous rapprocher et envisager une adhésion.

En parallèle, il y a la question des garanties bilatérales de sécurité à accorder à Kiev. Le sujet a été abordé entre les dirigeants au sein du G7, la semaine dernière, et la France joue une part active dans ces discussions. L’idéal serait d’obtenir des propositions d’ici au sommet de Vilnius afin de les discuter collégialement.

Les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas lancer l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, mais ont-ils indiqué ce qu’ils souhaitaient ?

Jusqu’à présent, la position américaine n’a pas été précisée. Elle va s’éclaircir dans les semaines qui viennent. Je vois cependant une grande énergie qui anime les dirigeants de l’Alliance pour trouver une solution en collaboration avec les Ukrainiens.

Que signifie renforcer le flanc est de l’Alliance, dont il sera aussi question à Vilnius ?

Pour la Lituanie et les pays baltes, la question de la défense aérienne devient critique. Depuis 2004, nous bénéficions d’un soutien pour sécuriser notre espace aérien, notamment grâce à l’aide des alliés et tout particulièrement de la France. Mais nous devons passer à la prochaine étape, la mise en place d’éléments de défense sol-air. Ce n’est pas évident, car aujourd’hui, l’offre de systèmes de défense antimissile est extrêmement contrainte.

De nombreux systèmes sont assemblés et envoyés en Ukraine, qui est la priorité. Nous le comprenons. Nous suggérons de mettre en place des éléments de défense sol-air par rotation. Certains alliés, qui disposent encore de ces éléments, pourraient nous équiper sur une base temporaire. Des systèmes pourraient venir des Pays-Bas, d’Allemagne, de France. Nous avons fait des propositions à nos alliés. Nous espérons que nous arriverons à nous entendre.

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