Igor Makarov, de cycliste soviétique à oligarque russe du gaz turkmène

Igor Makarov, lors de l’inauguration d’une clinique, à Miami, aux Etats-Unis, le 19 janvier 2017.

Qui est Igor Makarov ? Malgré plus de trente ans de carrière dans les affaires et les instances cyclistes, il demeure difficile de répondre avec précision à cette question, tant l’oligarque russo-turkmène de 61 ans a réussi à se préserver de l’attention médiatique internationale.

Après une carrière de cycliste assez moyenne du temps de l’URSS, ce natif d’Achgabat (Turkménistan) lance, en 1992, le groupe Itera, dont le siège est situé à Jacksonville (Floride). Ce dernier s’impose rapidement comme « l’un des plus importants fournisseurs de gaz des anciens pays soviétiques des années 1990, grâce aux bons liens de M. Makarov avec son Turkménistan natal et [à] son amitié avec l’ancien dirigeant de Gazprom Rem Viakhirev », selon Reuters.

Au tournant des années 2000, Itera se retrouve à quelques reprises au centre de l’attention des médias américains. L’entreprise est notamment accusée d’avoir conclu un contrat de lobbying douteux d’un montant de 500 000 dollars (465 000 euros) avec la fille d’un député républicain, Curt Weldon. D’autres scandales liés à des accusations de manipulation du marché gazier et à des liens troubles avec Gazprom viennent ternir la réputation du groupe, qui demeure néanmoins puissant.

Après l’obtention par le géant russe Gazprom du monopole des exportations de gaz russe en 2006, M. Makarov, en difficulté, parvient tout de même à rester dans les petits papiers de Vladimir Poutine, avec le soutien duquel il lance l’équipe cycliste Katusha en 2008. Il diversifie parallèlement les activités de son groupe, qui se spécialise notamment dans la construction et mène de grands projets en Russie, en Biélorussie et au Turkménistan.

Contraint, en 2013, à vendre la branche pétrole et gaz d’Itera à la société pétrolière russe Rosneft, M. Makarov ne se laisse pas abattre. Grâce aux milliards de dollars qu’il obtient de cette transaction, il lance de nouveaux investissements et restructure son groupe, qu’il rebaptise Areti (« Itera » à l’envers), avec des intérêts économiques « en Asie centrale, en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et au Moyen-Orient », affirme au Monde le service de communication du groupe.

Instinct de conservation

Flair, instinct de conservation et discrétion : tels semblent être les maîtres-mots de la carrière d’homme d’affaires de M. Makarov. Des ingrédients qu’il mélange tout aussi bien au cours de son parcours parallèle de « vélocrate », selon l’expression du journal L’Equipe, qui qualifie l’oligarque de « redoutable homme de pouvoir, qui refuse la moindre marque d’inconvenance à son égard ».

Il vous reste 57.34% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.