La nouvelle cartographie des quartiers prioritaires, un enjeu crucial pour les élus et les habitants

Une aire de jeu dans le quartier de Ker-Uhel à Lannion (Côtes-d’Armor), le 15 mars 2023.

C’est un des grands chantiers en cours du ministère de la ville, et il suscite de nombreuses interrogations d’élus. La refonte de la géographie prioritaire, qui définit les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), a été lancée en mai en vue des nouveaux contrats de ville, baptisés « Engagements quartiers 2030 », qui devraient être signés d’ici au 1er janvier 2024. « Les préfets ont été outillés à l’aide de cartes et de données de l’Insee actualisées pour échanger avec les élus locaux et redessiner la carte des quartiers prioritaires avec souplesse », indique le cabinet du ministre du logement et de la ville, Olivier Klein. Cette cartographie devrait être affinée « jusqu’au milieu de l’été » pour une présentation de la nouvelle géographie prioritaire à la rentrée.

Promise depuis plusieurs mois, cette mise à jour était très attendue par les élus. D’autant que la carte actuelle des 1 514 quartiers prioritaires de la politique de la ville (1 296 en France métropolitaine, 218 dans les départements d’outre-mer, à Saint-Martin et en Polynésie française), date de 2014 et avait été élaborée à partir de données de revenus par habitant de 2011.

La nouvelle carte s’inscrira toujours dans le cadre de la loi Lamy – du nom de l’ancien ministre de la ville (2012-2014) François Lamy – ayant défini les critères d’identification des quartiers prioritaires en 2014 : une taille minimum du quartier – 1 000 habitants dans une unité urbaine d’au moins 10 000 habitants – et une concentration de pauvreté, définie par le décrochage, d’une part, par rapport aux revenus de l’agglomération dans laquelle se situe le quartier et, d’autre part, par rapport aux revenus de la France métropolitaine.

« Effet d’éviction »

De leur côté, les élus de banlieues s’inquiètent de voir cette nouvelle cartographie leur retirer un QPV ou à l’inverse ne pas prendre en compte une zone sensible sur leur territoire. Pour l’heure, aucune indication claire et chiffrée sur le futur zonage ne leur a été communiquée. Pour autant, selon plusieurs sources travaillant sur le dispositif, il ne faudrait pas s’attendre à une révolution. « Ce n’est pas une nouvelle géographie prioritaire, c’est simplement une actualisation de l’ancienne », souffle un responsable de la politique de la ville.

Le peu de changements à prévoir n’étonne pas Valérie Létard, sénatrice (Union centriste) du Nord, qui a travaillé sur un rapport d’information sur la politique de la ville, déposé en juillet 2022. « Ces quartiers sont des sas pour les habitants avec un très fort renouvellement des populations, souvent remplacées par des personnes aussi, voire plus, précaires. Ce sont donc les mêmes territoires, mais pas forcément les mêmes publics », détaille l’élue.

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