LETTRE DE BRUXELLES

Qu’est-ce qui rapproche le haut représentant pour l’Union européenne (UE), l’Espagnol Josep Borrell, l’ancienne candidate d’extrême droite française à la présidence de la République, Marine Le Pen, l’ex-patron du UKIP et chantre britannique du Brexit, Nigel Farage, ou les actuels commissaires européens Janusz Wojciechowski et Elisa Ferreira ? Ils ont tous été députés européens et ont tous souscrit au fonds de pension volontaire du Parlement de l’UE. Un fonds aujourd’hui en totale perdition, comme l’ont récemment révélé Politico et Investigate Europe.
« Au début des années 1990, les indemnités des députés européens variaient d’un pays à l’autre et le Parlement avait créé ce régime de pension volontaire pour les aider à compléter leur future retraite. En 2009, il a été fermé à tout nouvel élu quand le nouveau statut des eurodéputés a été adopté », explique-t-on au sein de l’institution. Le fonds a alors cessé d’être alimenté par les futurs bénéficiaires. Et sans cotisants, la caisse du système de pension, qui compte toujours plus de 900 ayants droit, dont 800 personnes à la retraite, s’est progressivement vidée.
Initialement, le budget européen rééquilibrait les comptes. Selon Investigate Europe, entre 1990 et 2009, pas moins de 118 millions d’euros ont été versés au fonds pour le maintenir à flot. Alors que tout le monde connaissait le problème, la présidente de l’Assemblée, la Maltaise Roberta Metsola, et le nouveau secrétaire général, Alessandro Chiocchetti, ont décidé de prendre à bras-le-corps ce dossier.
Un audit a été lancé et en avril, le bureau du Parlement a alors appris, avec effarement, que le fonds était bel et bien au bord du gouffre. Ses 50 millions d’euros en caisse seront épuisés dans moins de deux ans. Et fin 2024, il faudra trouver quelque 310 millions d’euros pour assurer sa pérennité et poursuivre les paiements aux anciens eurodéputés.
Un fonds particulièrement avantageux
Une sacrée somme pour 900 anciens eurodéputés, dont une petite vingtaine est toujours en exercice. C’est que ce fonds était particulièrement avantageux. « Avec seulement quelques années de cotisation, des versements de pension à vie de plusieurs milliers d’euros par mois étaient possibles – en plus des droits à pension déjà existants provenant d’autres sources. Cela a conduit à des situations absurdes. Certains commissaires européens actuels, mais aussi des lords britanniques et d’anciens politiciens européens bien pourvus bénéficient de somptueuses pensions complémentaires », explique l’eurodéputé écologiste allemand Daniel Freund.
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