
Le Stade Rochelais a gagné, samedi 20 mai, le droit d’arborer une deuxième étoile à son maillot, après sa victoire (26-27) en finale de la Champions Cup contre le Leinster. La performance impressionnante rappelle le dénouement de la Coupe d’Europe 2022, à Marseille, qui opposait déjà les deux équipes, à la différence que les Charentais-Maritimes jouaient cette fois en terrain « hostile », en Irlande, dans un Aviva Stadium largement acquis à la cause des Dublinois. Un scénario incroyable, autant que peut l’être le parcours de ce club qui évoluait encore en Pro D2 en 2014.
En trois ans, le Stade Rochelais a disputé trois finales de Coupe d’Europe, dont deux remportées, une finale de Top 14 en 2021 (perdue contre le Stade Toulousain) et fait régulièrement partie des prétendants au titre de champion de France. Cette ascension est moins un conte de fées que le fruit d’un long travail mené en interne.
Après avoir raté le virage du professionnalisme au début des années 2000, le club à la caravelle, dirigé par Vincent Merling, ancien troisième ligne rochelais et plus ancien président de club de rugby de haut niveau en activité, a entamé une profonde mutation. « Ça fait trente-deux ans que je suis président, et jamais je n’ai envisagé d’être champion d’Europe, confiait-il samedi, épuisé mais heureux, dans les couloirs de l’Aviva Stadium. En revanche, ce que j’ai toujours voulu, c’est que le club soit pérenne, qu’il garde son identité culturelle, sa façon de vivre le rugby. »
Tissu économique modeste
Alors que le rugby français pouvait se résumer à une époque à « un club, un gros sponsor », le Stade Rochelais, conscient d’être situé dans une ville de moins de 80 000 habitants au tissu économique modeste, a fait le pari inverse, en créant un réseau de partenaires fidèles, constitué d’entreprises et de groupes basés dans le Grand Ouest. L’esprit prétendu « fermé » des dirigeants rochelais, parfois moqué dans d’autres clubs, s’est révélé l’une des recettes du lent cheminement vers la réussite. « Si on disait autrefois que j’étais un Don Quichotte parce que je n’étais pas milliardaire et que je n’ai jamais voulu être propriétaire du club, on voit aujourd’hui que notre modèle est exemplaire et fait vibrer tous les clubs amateurs », explique le président, par ailleurs patron des Cafés Merling, membre du groupe d’actionnaires qui détiennent la majorité du capital du Stade Rochelais.
Une première finale de Pro D2 en 2007 (défaite contre Dax) a confirmé l’engouement du public rochelais pour son équipe. La suivante, en 2010 (gagné contre Lyon), a signé le retour parmi l’élite nationale du rugby et soudé une génération de joueurs que l’on retrouve aujourd’hui dans l’organigramme du club, de Robert Mohr, directeur sportif, à Sébastien Boboul et Romain Carmignani, entraîneurs adjoints de l’Irlandais Ronan O’Gara, en attendant l’arrivée la saison prochaine dans le staff de l’ancien international Rémi Talès.
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