
Quatre parlementaires de la NUPES soupçonnent des pays étrangers de vouloir déstabiliser la filière aéronautique tricolore et souhaitent enquêter en demandant une commission à l’Assemblée nationale.
C’est une attaque en règle contre Latécoère et sa direction que quatre députés insoumis de Haute-Garonne viennent de lancer. Emmenés par Hadrien Clouet dont la circonscription inclut le siège mondial d’Airbus, les parlementaires Bex, Piquemal et Stambach-Terrenoir ont déposé lundi une résolution pour « la création d’une commission d’enquête sur la déstabilisation de l’industrie aéronautique française » . Ils dénoncent une « main mise de puissances étrangères » sur la filière aéronautique française avec le but caché de la déstabiliser au profit de Boeing. Les Etats-Unis sont donc les premiers visés puisque les députés dénoncent dans leur résolution d’« étroites relations avec la CIA » (sic) de la part des dirigeants du fonds Searchlight, actionnaire de l’équipementier aéronautique Latécoère.
« C’est factuellement faux »
« L’affaire Latécoère malmené par son actionnaire américain a été le déclencheur de notre initiative mais nous voulons aussi comprendre plus largement pourquoi l’Etat délaisse ce secteur stratégique et laisse faire » a résumé, hier, Hadrien Clouet, contacté par La Dépêche. Et le député de reprocher l’inaction de l’Etat et le non-contrôle de l’utilisation de l’argent public. Une référence au récent effacement de 128 M€ de prêts garantis par l’Etat (PGE).
Une assertion qui a fait bondir Jean-François Portarrieu qui mène actuellement une mission sur le futur avion vert décarboné après une première mission sur les menaces d’approvisionnement en titane pour la filière aéronautique. Le député (Horizons) de la Ve circonscription de Haute-Garonne regrette « l’incessante recherche de la polémique là où elle n’existe pas, confirmant la posture conflictuelle habituelle » des élus insoumis.
« Lancer que l’Etat délaisse la filière aéronautique est factuellement faux puisque la Cour des comptes a qualifié les huit milliards d’euros de soutien public pendant le Covid d’intervention rapide et massive » rappelle l’élu haut-garonnais. Les aides régionales se sont, elles, élevées à 110 M€. Dans ce contexte, « comment oser prétendre que la puissance publique ne fait rien pour soutenir et renforcer notre filière aéronautique ? » s’interroge Jean-François Portarrieu.
Toutefois Hadrien Clouet met davantage l’accent sur la conditionnalité des aides et sur le suivi que l’Etat doit exercer sur cet argent public. « Je suis tout à fait favorable au soutien public à la filière aéronautique mais pas sans conditions. En face il faut que l’Etat obtienne des garanties sur l’emploi, les qualifications et sur les brevets » précise le parlementaire. Avec ses collègues, il réclame également un meilleur contrôle des administrateurs de l’Etat quand celui-ci est au capital d’entreprise. « Aujourd’hui, ils ne demandent pas d’information sur la société, ne pose pas de question » reproche-t-il.
Deux députés de Haute-Garonne ne s’y associent pas
Malgré cette charge virulente, la demande de commission d’enquête entame un long chemin qui, au mieux, n’aboutira qu’au second semestre 2023. Les Insoumis ont besoin de rallier des députés des groupes de la majorité présidentielle (Renaissance, Horizons, Modem) mais sans grande garantie de succès. À noter que cette demande de commission d’enquête n’a pas été signée ni par Joël Aviragnet, député PS du Comminges, ni par l’écologiste Christine Arrighi (IXe circonscription). Seul Marc Péré, maire de L’Union et membre du groupe Alternative pour une Métropole citoyenne à Toulouse la soutient mais il n’est pas parlementaire. Donc sans effet.