Les infrastructures, notamment énergétiques, dernier eldorado de la finance

Eric Scotto savoure ce moment. « Avant, pour développer un projet d’énergie renouvelable dans le monde, il me fallait convaincre du bien-fondé de la démarche. Désormais, certains chefs de gouvernement m’appellent pour me demander d’aller plus vite », relate le président et cofondateur du producteur d’électricité Akuo. La bascule date du 24 février 2022, jour de l’invasion russe en Ukraine qui a fait prendre conscience aux Etats, notamment en Europe centrale, de la nécessité de produire localement leur électricité. Jusque-là, la préservation du climat n’avait pas été vue comme un argument suffisant.

Pour Akuo, les conséquences sont majeures. Le 16 février 2022, Eric Scotto et son associé Patrice Lucas s’étaient endettés, à titre personnel, auprès du fonds britannique ICG, sur la base d’un plan d’affaires à cinq ans, afin de racheter les parts des minoritaires dans leur entreprise. Une semaine après, la donne avait changé : « Le portefeuille de projets a mûri beaucoup plus vite que prévu. Nous nous retrouvons aujourd’hui là où nous aurions dû être dans deux ans. » L’opérateur, dont la capacité de production s’élève à 1,5 gigawatt grâce à l’agrivoltaïsme en Nouvelle-Calédonie ou à des éoliennes en République dominicaine, affiche ainsi un « pipeline » de 22 gigawatts en développement.

Pour financer ces projets, l’opérateur indépendant cherche « un partenaire stratégique » susceptible de lui apporter « beaucoup d’argent », sans vouloir préciser combien : « Avec mon associé, nous pourrions perdre la majorité », se borne à indiquer M. Scotto, qui se refuse à donner plus de détails sur « un processus confidentiel ». En fait, selon des proches du dossier, de nombreux prétendants se sont manifestés, comme Voltalia, le spécialiste des renouvelables contrôlé par la famille Mulliez, et surtout des fonds d’infrastructure : le français InfraVia ou encore l’australien Macquarie.

Des actifs « essentiels »

Des financiers sont également à l’affût pour racheter Coriance, opérateur de réseaux de chaleur à Cergy-Pontoise, en Ile-de-France, Castres (Tarn) ou Laval, mis en vente par son actionnaire Igneo Infrastructure Partners (groupe Mitsubishi UFJ). Coriance est le numéro trois, loin derrière Engie et Dalkia (EDF), d’un métier en forte croissance car synonyme d’efficacité énergétique pour les municipalités. « Imaginez un chauffage central appliqué à l’échelle de tout un quartier ou même d’une ville, c’est le principe du réseau de chaleur urbain », détaille l’entreprise sur son site Internet.

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