
A l’approche du sommet de l’OTAN, qui se tiendra à Vilnius, en Lituanie, les 11 et 12 juillet, le norvégien Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’organisation depuis 2014 et dont le troisième mandat s’achève en octobre, a accordé un entretien au Monde, au siège de l’Alliance atlantique, à Bruxelles, dans lequel il revient sur les défis qui attendent les alliés dans un monde devenu plus dangereux.
Les 11 et 12 juillet, vous organisez votre dernier sommet des alliés à Vilnius. Après trois mandats, que retenez-vous de ces années qui ont vu le retour de la guerre sur le sol européen ?
C’est avant tout l’importance de l’unité euroatlantique. Nous vivons dans un monde de plus en plus dangereux et il devient très important que nous conservions un lien fort entre Europe et Etats-Unis. Tant que nous resterons solidaires, nous serons capables de nous protéger contre toute menace. Nous voyons clairement cela en Ukraine. L’unité nous permet de soutenir efficacement ce pays occupé par la Russie. Nous le voyons également quand il s’agit de répondre aux défis que pose la Chine.
L’inclusion, en 2022, de la Chine dans la stratégie de l’Alliance atlantique interroge toujours. Le rôle de l’OTAN n’est-il pas de défendre le territoire euroatlantique ?
L’OTAN est et restera une alliance régionale de l’Amérique du Nord et de l’Europe, mais cette région fait face à des menaces mondiales et nous devons y répondre. Ce n’est pas nouveau. Le terrorisme est mondial. Cela nous a amenés en Afghanistan, à la frontière de la Chine. Dans le cyber, l’espace, sur les mers, les menaces se multiplient. Dans ce contexte, la montée en puissance de la Chine, avec de nouveaux missiles nucléaires de longue portée, qui peuvent atteindre les pays de l’OTAN, pose question. De même, cet Etat mène des politiques coercitives en mer de Chine méridionale et tente de contrôler des infrastructures critiques dans nos propres pays. Certes, la Chine n’est pas un adversaire, mais elle ne partage pas nos valeurs. Nous l’avons vu à Hong Kong ou dans le Xinjiang.
Enfin, nous voyons comment la Chine s’est rapprochée de la Russie, avec des exercices navals et aériens conjoints. Avant la guerre en Ukraine, les présidents Xi et Poutine ont signé un traité dans lequel ils ont déclaré que leur partenariat était sans limites. La sécurité n’est donc plus régionale, elle est véritablement mondiale. Ce qui se passe en Europe compte pour l’Asie et inversement. Il s’agit donc de protéger notre alliance transatlantique.
A Vilnius, la Suède rejoindra-t-elle officiellement l’alliance ? La Turquie peut-elle lever son véto ?
Il vous reste 62.15% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.