Moscou autorise Pékin à utiliser le port de Vladivostok pour son commerce intérieur

Le premier ministre chinois, Li Qiang, et son homologue russe, Mikhaïl Michoustine, à Pékin, le 24 mai 2023.

Le président chinois, Xi Jinping, et le premier ministre, Li Qiang, ont reçu, mercredi 24 mai, à Pékin, le premier ministre russe, Mikhaïl Michoustine, qui, la veille, avait participé à un important forum d’affaires Chine-Russie, à Shanghaï. Au lendemain du G7, Xi Jinping a réaffirmé que « consolider et développer les relations Chine-Russie n’était pas seulement la volonté des peuples, mais aussi la tendance de l’histoire ».

Cependant, depuis quelques jours, les internautes chinois s’intéressent surtout à un nouvel aspect de cette relation : la possibilité que va avoir la Chine, à partir du 1er juin, d’utiliser le port russe de Vladivostok pour son trafic de marchandises entre le nord et le sud du pays. Tout un symbole. Longtemps chinoise, Vladivostok a dû être cédée, comme toute la région, à l’Empire russe, en 1860. C’est l’une des « humiliations » imposées, à l’époque, à la Chine par les Occidentaux. Depuis, les provinces du nord de la Chine, le Heilongjiang et le Jilin n’ont plus accès à la mer. Leurs marchandises doivent parcourir un bon millier de kilomètres par voie terrestre avant de rejoindre un port du Liaoning, plus au sud. Depuis plusieurs années, la Russie cherche surtout à attirer des investisseurs japonais et sud-coréens pour relancer Vladivostok, mais, en l’absence de résultats probants, Moscou semble se résigner à miser sur les Chinois malgré le contentieux historique. A partir du 1er juin, le commerce entre le Jilin et le sud de la Chine pourra donc transiter par Vladivostok, bien plus proche géographiquement que les ports du Liaoning, sans être soumis à droits de douane.

Selon les douanes chinoises, le Heilongjiang avait déjà théoriquement cette possibilité depuis 2007, mais il semble que celle-ci ne se soit jamais réellement concrétisée, faute d’un véritable engagement russe. L’accord à l’initiative de la province du Jilin pourrait donc également profiter à la province voisine. « En ouvrant le port de Vladivostok, la Chine et la Russie vont pouvoir collaborer davantage sur la construction du port et le développement de la logistique et, par là même, booster le dynamisme du nord-est de la Chine et la croissance de l’Extrême-Orient russe », explique le China Daily, le 16 mai.

La discrétion des médias officiels

« Le projet d’utilisation du port de Vladivostok n’est pas neuf, note Alexandre Gabouïev, spécialiste de la Chine au centre Carnegie de Berlin. La partie russe a commencé à s’y intéresser en 2015 environ, quand le vice-premier ministre, Iouri Troutnev, a été chargé du développement de l’Extrême-Orient. L’amélioration de la relation bilatérale a permis de faire aboutir des discussions qui sont d’abord techniques. Moscou y trouve aussi un intérêt, en empochant un droit de passage. »

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