Naufrage de migrants dans la Manche en 2021 : cinq militaires mis en examen pour non-assistance à personne en danger

L’enquête accablait les secours français. Cinq militaires ont été mis en examen, jeudi 25 mai à Paris, pour non-assistance à personne en danger dans l’enquête sur la mort de 27 migrants dans le naufrage de leur bateau dans la Manche, à la fin de 2021, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de source judiciaire.

D’après une source proche du dossier, il s’agit de trois femmes et deux hommes en fonctions au moment des faits au centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage Gris-Nez (Cross, Pas-de-Calais), chargé des secours dans la Manche.

Une dizaine de personnes avaient été placées en garde à vue dans le cadre de cette enquête.
Dans ce dossier, les autorités françaises sont soupçonnées d’avoir été appelées à l’aide à une quinzaine de reprises et de ne pas être venues en aide aux migrants la nuit du naufrage. Sollicité par l’AFP, le directeur du Cross Gris-Nez n’a pas souhaité réagir.

« Tous les opérateurs actuellement au Cross Gris-Nez ou embarqués ont toute la confiance du préfet pour conduire les opérations de sauvetage en mer », a fait savoir à l’AFP la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. « L’affaire suit son cours et l’instruction n’est pas de notre ressort », a-t-elle ajouté, se refusant à tout autre commentaire.

Le canot a coulé au petit matin du 24 novembre 2021, emportant 27 passagers, majoritairement des Kurdes irakiens âgés de 7 à 46 ans. Personne ne leur était venu en aide. Ni côté français ni côté britannique, chacun estimant que ce n’était pas de sa responsabilité.

« Consternation »

Ces éléments, qui concordent avec les déclarations des deux survivants, ont secoué le Cross Gris-Nez, chargé des secours dans la Manche, et ont suscité la « consternation » des associations d’aide aux migrants. Lors de précédentes auditions dans cette enquête, des agents du Cross avaient invoqué le manque de moyens, qui les contraint « à prioriser ».

Ce soir-là, le Cross a traité « des centaines, voire des milliers d’appels », avait rapporté l’un d’eux. « Si à un quelconque moment il y a eu un manquement, une erreur, les sanctions seront prises », avait aussi assuré, en novembre, le secrétaire d’Etat Hervé Berville, reconnaissant son « effroi » à la lecture des informations publiées dans la presse. Dix passeurs présumés, majoritairement afghans, ont été mis en examen dans l’information judiciaire parisienne sur ce drame, qui a fait monter la tension entre Paris et Londres. Mais sans décourager les candidats à l’Angleterre.

Une enquête est également en cours outre-Manche. Les autorités britanniques ont annoncé, à la fin de novembre, avoir arrêté un homme « suspecté d’être un membre du groupe criminel organisé qui a conspiré pour transporter les migrants au Royaume-Uni à bord d’un petit bateau ».

Le Monde avec AFP