« On a compris que c’était pour nous, c’était terrifiant » : quand une meute d’orques attaquent un voilier au sud de l’Espagne

Au Cap de Trafalgar, au Sud de l’Espagne, entre Méditerranée et Atlantique, les mammifères marins s’en sont pris au bateau skippé par Sébastien Destremau, double participant au Vendée Globe. Pour lui, seul le navire était visé.

Ce n’est pas la première attaque menée par des orques ces derniers mois sur les navires à proximité du détroit de Gibraltar entre Méditerranée et Atlantique. Mais celle-ci est particulièrement spectaculaire et a causé une sacrée frayeur au skipper Sébastien Destremau, au Sud de l’Espagne. 

Ainsi, à proximité du Cap de Trafalgar, alors qu’il se trouvait avec l’équipage du bateau Lancelot, le navigateur a rapidement compris. « On les a vues arriver d’assez loin et on a tout de suite compris que cette fois c’était pour nous » a-t-il témoigné auprès de Voiles et Voiliers. 

« Une heure sous leurs coups de boutoir, on avait très peur »

Les mammifères marins étaient environ une vingtaine et c’est un groupe de huit qui est venu foncer vers eux. L’équipage a vécu, « une heure sous leurs coups de boutoir, c’était très impressionnant et on avait très peur » a-t-il indiqué.

Que faire en cas d’attaque ? Sébastien Destremau a suivi le protocole de sécurité mise en place par le groupe de travail sur les orques de l’Atlantique : soit ralentir puis stopper l’embarcation, baisser les voiles et s’éloigner de toute partie du bateau qui pourrait tomber ou tourner brusquement.

Non sans une grande appréhension et une analyse post-agression plutôt dubitative : « Je ne suis pas convaincu qu’arrêter le navire soit la bonne stratégie » a-t-il ironisé.

« Un bateau de 15 tonnes se fait secouer comme une coquille de noix »

 « C’est terrifiant de sentir un bateau de 15 tonnes se faire secouer comme une coquille de noix. On n’en menait pas large à bord » a rapporté le navigateur. Il a d’ailleurs été blessé au pouce lors d’un coup dans le safran du gouvernail.

La vidéo édifiante du navigateur montre bien la situation qui a fini par s’arranger pour l’embarcation au bout d’une heure. Plus de peur que de mal pour celui qui avait connu des interactions positives avec des orques qui avaient pu accompagner son navire pendant le Vendée Globe.

« Attaque n’est sans doute pas le bon mot. Il n’y avait aucune agressivité envers l’humain mais seulement envers le bateau » a encore estimé Sébastien Destremau. Pour lui les animaux voulaient faire passer un message. Lequel ?

L’hypothèse de la vengeance des orques

Et s’il s’agissait d’une vengeance ? L’hypothèse est très sérieuse et émane d’un rapport scientifique. Car depuis 2020, dans cette partie entre Méditerranée et Atlantique, le long de l’Espagne, une centaine d’interactions ont été constatées selon un recensement du CNRS et de l’université de la Rochelle, « les orques venant au contact direct de ces navires en les poussant et donnant des chocs » écrivent ces spécialistes. Des attaques ont donné lieu à des ruptures de gouvernail et des bateaux coulés et le phénomène s’accélère.

Ils émettent plusieurs explications. Notamment la réaction des animaux suite à un incident ancien dit le CNRS, confirmé par un biologiste marin de l’Université d’Aveiro au Portugal qui évoque dans Ça m’intéresse une femelle orque, traumatisée par une collision avec un bateau et qui aurait commencé à s’en prendre aux embarcations, apprenant à ses congénères à agir de même.

L’université de la Rochelle évoque également la combinaison de facteurs comme les pressions (moins de nourriture, perturbation par les bateaux) et leur « curiosité naturelle ».