Racisme dans le football : l’affaire Vinicius force l’Espagne à réagir

Une pancarte sur laquelle on peut lire en espagnol : « Vinicius est une personne avant d’être un joueur de football. Je soutiens Vinicius, le professionnel et l’humain, non au racisme », avant le match de Liga entre Valladolid et le FC Barcelone, au stade José Zorrilla, à Valladolid, le 23 mai 2023.

« Vinicius, eres un mono. Eres un mono », « Vinicius, tu es un singe. Tu es singe », chantaient en en chœur des dizaines de supporters de l’équipe de football de Valence, alors que l’attaquant brésilien du Real Madrid descendait du bus, dimanche 21 mai. « Mono, mono », a repris, plus tard, depuis les gradins du stade de Mestalla, un groupe de spectateurs de la tribune sud, en imitant les gestes d’un primate. Vinicius Junior les a vus, il a explosé, les a pointés du doigt. Puis, le joueur s’est approché, a récriminé leurs gestes.

Il attendait sans doute une réaction des instances sportives : que le match soit arrêté et les responsables des insultes exclus de l’enceinte. Mais après dix minutes de tension et un avertissement aux supporteurs valenciens par haut-parleurs, la rencontre a repris. En fin de partie, le Brésilien a été expulsé pour une échauffourée avec l’avant-centre Hugo Duro, qui lui n’a pas été sanctionné par l’arbitre. Les huées de centaines de locaux ont redoublé, sans qu’il ne soit clair s’ils criaient « tonto » (idiot) ou « mono » (singe). Qu’importe, le mal était de toute façon fait.

Le soir même, Vinicius Junior se fendait d’un message sur le réseau social Instagram : « Le racisme est quelque chose de normal dans la Liga [le championnat espagnol]. La compétition le considère normal, la Fédération aussi et les rivaux l’encouragent. Je le regrette. »

Neuf plaintes déposées

Ce n’est pas la première fois qu’il est victime d’attaques racistes. Depuis le début de la saison, neuf plaintes ont été déposées devant la justice pour des faits similaires visant le joueur de 22 ans, prodige du ballon rond, devenu le souffre-douleur des ultras de toutes les équipes. Souvent qualifié de « provocateur » par ses adversaires et certains commentateurs, comme si cela était une excuse ou une justification, il n’a vu tomber que deux sanctions pour ces insultes publiques à répétition. Dans un cas, une amende de 4 000 euros a été imposée contre un supporteur du Real Club Deportivo Mallorca par la Commission contre la violence, le racisme, la xénophobie et l’intolérance dans le sport. Dans l’autre, le Real Valladolid a retiré l’abonnement d’un de ses fans.

En revanche, une plainte de mars 2022 a été classée sans suite par le parquet de Majorque, qui a estimé que « les sons proférés, bien que répugnants, vexatoires et absolument rejetables » ne semblaient pas « revêtir la dimension pénale publique » nécessaire. Idem pour cette autre, examinée par le parquet de Madrid. « Une fois contextualisées les insultes de nature raciste », la justice a néanmoins considéré qu’elles ne s’intégraient pas dans « un délit contre la dignité de la personne ». Pour le reste, Vinicius Junior attend toujours.

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