Réforme des retraites : les syndicats préparent la journée du 6 juin… et pensent à l’après

l’essentiel Mardi 6 juin, deux jours avant l’examen de la proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme des retraites, l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée d’action. Mais dès le 30 mai, elle va évoquer la suite à donner à un mouvement social historique.

Mardi 6 juin prochain, deux jours avant l’examen de la proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme des retraites, l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée d’action pour dire son opposition à la réforme pourtant promulguée par Emmanuel Macron.

L’intersyndicale a désormais pour « objectif clair » de « gagner le vote d’abrogation de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale le 8 juin. C’est pas fait du tout, c’est pas gagné, et c’est pour ça qu’on fait une journée d’action le 6 juin », a déclaré le 2 mai la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet. Si cette proposition de loi était votée, « ce serait un coup de tonnerre », estimait la syndicaliste, observant que « l’unité syndicale est encore renforcée après le 1er mai » et « résiste à toutes les stratégies de division organisées par le gouvernement ».

Mme Binet a appelé l’ensemble des députés à voter la proposition de loi Liot pour « permettre une sortie de crise par le haut » et s’est dite prête ensuite, si le vote était positif, à aller voir les sénateurs. « Bruno Retailleau n’ignore pas l’état de colère du pays face à cette réforme injuste, violente » assure Sophie Binet qui a demandé à Elisabeth Borne le retrait de la réforme lors des entretiens entre le gouvernement et les syndicats à Matignon.

Mais cette nouvelle journée de mobilisation du 6 juin sera peut-être la dernière. « On ne va pas faire des manifestations à répétition », a admis dans le JDD dimanche dernier Laurent Berger, précisant que la bataille des retraites « ne cessera jamais ».

Le défi du maintien de l’unité

« Notre sujet aujourd’hui, au sein de l’intersyndicale, est de se demander si on envoie dans le mur cette force populaire en lui faisant poursuivre un but difficile à atteindre ? Ou est-ce qu’on la transforme en énergie pour mettre nos interlocuteurs sous pression et obtenir des avancées concrètes ? Je préfère la deuxième option », estime Laurent Berger.

L’après 6 juin signe aussi le début du défi du maintien de l’unité pour les syndicats, qui ne s’était plus vue depuis 12 ans. Sophie Binet, a, par exemple affirmé ne pas voir l’intérêt d’une multilatérale État-syndicats-patronat, comme le souhaite la Première ministre, s’il n’y avait « pas d’annonces concrètes sur la question du retrait de la réforme des retraites ou de la hausse des salaires »… tandis que Laurent Berger est prêt à participer à une telle multilatérale.

La proposition du patronat aux syndicats

Autre divergence autour de la proposition de Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, qui s’est dit mercredi disposé à discuter avec les syndicats de la question de l’emploi des seniors.

« On est prêt à ouvrir une négociation avec les syndicats de salariés sur l’emploi des seniors. Le dialogue social, ça prend du temps. On vient de signer un accord sur les accidents du travail, les maladies professionnelles : quatorze séances de négociation et on est arrivé à un accord. On ne peut pas nous mettre une espèce d’injonction, un oukase avec quelques semaines pour régler des problèmes compliqués », estime le président du Medef. « Il faut que l’État laisse faire les partenaires sociaux », rajoutait Éric Trappier, président de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie). Si Laurent Berger semble ouvert à ce type de discussion, Sophie Binet n’envisage pas l’absence de l’État.

L’intersyndicale doit en attendant se réunir le 30 mai pour faire émerger des positions communes à porter dans les mois à venir. « Nous verrons si une réponse émerge le soir même. Si on peut porter des revendications communes, c’est très bien. Sinon, cela reste la pluralité du mouvement syndical », explique Laurent Berger.