
La dernière fois que Rafael Nadal a manqué le tournoi de Roland-Garros, en 2004, son compatriote Carlos Alcaraz était encore un poupon. Près de deux décennies plus tard, celui-ci est devenu le nouveau général du tennis masculin. Encore 141e mondial au début de 2021, le jeune Espagnol, qui a conquis la première place, affrontera au premier tour de Roland-Garros un joueur issu des qualifications. C’est l’un des enseignements du tirage au sort de l’édition 2023, effectué, jeudi 25 mai, à Paris, par le rugbyman Antoine Dupont.
Titré cette saison à Indian Wells, Madrid (deux Masters 1000) et Barcelone (ATP 500), Carlos Alcaraz partage le costume du favori de Roland-Garros avec le Serbe Novak Djokovic, qu’il pourrait retrouver en demi-finales du tournoi. Depuis le début de l’année civile, les deux hommes se sont déjà échangé quatre fois le titre de numéro 1 mondial.
Numéro 2 mondial, le Russe Daniil Medvedev croyait être allergique à la terre battue. Mais ça, c’était avant de gagner sur cette surface à Rome (Masters 1000), le tournoi qui fait office de répétition générale avant Roland-Garros. Fort de cette référence, il complète le trio des favoris pour soulever la coupe des Mousquetaires. Il entrera en lice lui aussi contre un qualifié, et pourrait trouver sur son chemin, en demi-finale, le Norvégien Casper Ruud, finaliste lors de la précédente édition face à Rafael Nadal.
Attention, néanmoins, le tableau masculin n’ayant jamais paru aussi ouvert depuis le milieu des années 2000. Ainsi, le Grec Stéfanos Tsitsipas et le Danois Holger Rune sont de sérieux concurrents. Le premier a déjà atteint la finale du tournoi en 2021. Révélation de la saison 2022, le deuxième vient de se hisser au sixième rang mondial quelques jours après avoir soufflé ses vingt bougies.
Iga Swiatek apparaît moins souveraine que l’an passé
Dans le tableau féminin, Iga Swiatek, qui affrontera Cristina Busca, 77e joueuse mondiale, dès le début du tournoi, est favorite à sa propre succession. En 2022, la Polonaise n’avait concédé qu’un seul set sur la route de son deuxième titre à Roland-Garros (après 2020), le tout en restant invaincue tout au long de la saison sur terre battue. Depuis, l’étau s’est resserré avec deux concurrentes venues de l’Est : la Biélorusse Aryna Sabalenka et la Kazakhe Elena Rybakina.
La tenante du titre est d’ailleurs dans la partie de tableau de la Kazakhe, 4e joueuse mondiale, qu’elle pourrait retrouver dans le dernier carré. De Wimbledon à Rome, en passant par Indian Wells, Elena Rybakina a aussi obtenu des victoires prestigieuses.
Il faudra également garder un œil sur Veronika Kudermetova ; la Russe reste sur deux demi-finales consécutives à Madrid et Rome (deux WTA 1000). A suivre aussi, la Tunisienne Ons Jabeur, qui revient de blessure. La finaliste du dernier Wimbledon aura un sentiment de revanche après son élimination dès le premier tour de Roland-Garros l’an passé. Pour corriger ce faux pas, la tête de série numéro 7 devra d’abord battre l’Italienne Lucia Bronzetti.
Quid des chances françaises ? Il y a quelques mois, Caroline Garcia remportait le Masters WTA, le tournoi qui rassemble les huit meilleures joueuses de la saison. Numéro quatre mondial fin 2022, elle s’imposait donc comme une prétendante à un sacre en Grand Chelem. Depuis, patatras. Après avoir quitté, puis renoué avec son entraîneur, Bertrand Perret, la Lyonnaise traverse une période de doute. A la Porte d’Auteuil, elle n’en reste pas moins la meilleure carte tricolore, et de loin, hommes et femmes confondues. Elle commencera son tournoi en jouant contre la Chinoise de 22 ans, Wang Xiyu, 54e mondiale. La Lyonnaise se retrouve dans la partie de tableau d’Aryna Sabalenka pour un éventuel quart de finale.
Côté français, outre Caroline Garcia, la championne de la longévité du circuit, Alizé Cornet, défiera l’italienne Camila Giorgi, 43e mondiale, et disputera, à 33 ans, un 65e Grand Chelem consécutif. Et Océane Dodin, qui reste sur quatre éliminations au premier tour des Internationaux de France, rencontrera sa compatriote Selena Janicijevic, 20 ans, 183e au classement WTA.
Caroline Garcia et les autres
Parmi les onze Français du top 100 masculin, le mieux classé, Ugo Humbert, pointe seulement à la 38e place – suivent notamment Richard Gasquet ou Corentin Moutet. Aucun d’entre eux n’a bénéficié du statut de tête de série au moment du tirage au sort. C’est dire le creux dans lequel se situe le tennis tricolore.
Le tirage a offert des confrontations franco-françaises : Ugo Humbert fera face à Adrian Mannarino, Richard Gasquet jouera contre Arthur Rinderknech et Corentin Moutet commencera sa quinzaine face à Arthur Cazaux, jeune espoir tricolore.
Luca Van Assche (19 ans) et Arthur Fils (18 ans) incarnent la relève française et seront scrutés de près. Ils joueront respectivement face à Marco Cecchinato et Alejandro Davidovich Fokina, tête de série numéro 29, pour leur premier match dans le tableau principal. Ils pourraient se rencontrer dès le tour suivant en cas de succès. A noter aussi la présence du vétéran Gaël Monfils, qui a dégringolé dans la hiérarchie mondiale à la suite de blessures et affrontera l’Argentin Sebastian Baez, 44e mondial.
Finalement présent, Benoît Paire, qui a reçu une wild-card pour jouer ce Grand Chelem, partagera le court avec le britannique Cameron Norrie, 14e à l’ATP, un tirage délicat.
Cette 121e édition des Internationaux de France est d’ores et déjà marquée par le forfait de Rafael Nadal. A l’instar du Majorquin, le vétéran britannique Andy Murray a dû renoncer à participer. Finaliste de Wimbledon en 2021, l’Italien Matteo Berrettini, blessé lui aussi, a tiré un trait sur le Grand Chelem parisien pour la deuxième fois d’affilée.
Dans le tableau féminin, il manquera Naomi Osaka. Après avoir annoncé qu’elle était enceinte, la Japonaise, ex-numéro un mondiale, a mis sa carrière entre parenthèses cette année et ne sera pas présente sur les courts Philippe-Chatrier et Suzanne-Lenglen.