
Le lagon de la baie d’Oyster Pond, à Saint-Martin, dans les Caraïbes, est, depuis cinq ans, une zone morte sans activité ou presque. Les commerces ou hôtels, qui faisaient la réputation de ce lieu prisé de tous – notamment des touristes –, et ravagés lors du passage du cyclone Irma en septembre 2017, sont toujours en ruine, quand le reste de l’île a retrouvé son dynamisme. La raison ? Un conflit latent de presque dix ans entre la France et les Pays-Bas qui se partagent l’île depuis la signature du traité de Concordia en 1648.
Un « désaccord survenu lorsque les Français ont contesté la revendication néerlandaise » sur l’eau de la baie d’Oyster Pond, expliquait dans un communiqué, début mai, Silveria Jacobs, la première ministre de Sint Maarten, la partie néerlandaise, se réjouissant de voir une issue à ce conflit « ayant mis à rude épreuve les relations de longue date entre les deux gouvernements ».
Le 26 mai, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, est attendu dans la petite île pour y signer un accord avec les représentants locaux du royaume des Pays-Bas, portant sur 348 points de la frontière. Jusqu’alors, la partie hollandaise défendait une limite qui suivait le littoral, quand le droit international prévoyait un partage de la baie. Cette différence d’interprétation est allée jusqu’à frôler l’incident diplomatique.
« Nouvelle page »
Ce fut le cas lorsque, en 2016, les autorités françaises contrôlent un chantier qualifié d’illégal et entaché de travail dissimulé. L’opération se déroule sur un ponton. Sur l’eau, donc, pour les autorités de Sint Maarten qui, ne reconnaissant l’autorité française qu’à terre, s’étaient largement froissées, allant jusqu’à boycotter la cérémonie du Saint-Martin’s Day, qui célèbre l’unité de l’île.
Dans les services de l’Etat français qui ont œuvré au rapprochement en engageant des négociations en décembre 2021, on parle d’une « volonté politique forte » venue des deux parties pour enfin régler le différend. Du côté de Sint Maarten, on explique plus volontiers que la France, en référant de la situation aux Nations unies fin 2017, a forcé l’accord pour « éviter un arbitrage » inadapté. « Le gouvernement de Sint Maarten a adopté une approche autour du compromis pour faire avancer les discussions », a rappelé lors d’une conférence de presse Silveria Jacobs.
« La collectivité se réjouit de cet accord qui concerne le tracé global de notre frontière avec Sint Maarten, en particulier le secteur d’Oyster Pond, qui va pouvoir ouvrir une nouvelle page économique », commente sobrement la collectivité de Saint-Martin. Tout le monde attend aussi les répercussions sur le village voisin, Quartier-d’Orléans, côté français, connu pour être plutôt défavorisé. « Cela va participer au désenclavement du quartier », assure le général Vincent Lamballe, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe et des Îles du Nord, qui y voit la possibilité de réinstaller une brigade de proximité, détruite par le cyclone en 2017.
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