Une mère et ses deux enfants retrouvés morts à Dreux

Stupeur à Dreux dans l’Eure-et-Loir. Une mère et ses deux enfants ont été retrouvés morts triple dans un pavillon d’un quartier réputé tranquille. La femme, âgée de 37 ans, et ses deux enfants présentent des plaies à l’arme blanche. Son ancien conjoint est recherché par la police pour être entendue.

JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Il avait été condamné pour violences conjugales et a publié des messages sur les réseaux sociaux quelques heures après la découverte des corps.

Une macabre découverte
Jeudi matin, la mère de famille ne s’est pas présentée à un rendez-vous prévu avec un proche, qui a alerté les pompiers, a déclaré à l’AFP le procureur de la République de Chartres, Frédéric Chevallier.

Les secours ont alors découvert les corps de la femme, née en 1987, et de ses deux enfants, une adolescente de 13 ans et un bébé de sexe masculin, d’environ 18 mois, a ajouté le magistrat.

Des blessures à l’arme blanche
Les corps présentaient des plaies, probablement causées par arme blanche, selon le procureur, qui a saisi la direction territoriale de la police judiciaire d’Orléans.

Selon le maire de la commune, Pierre-Frédéric Billet, un homme aurait « égorgé » les trois victimes, rapporte France 3 .

À ce stade de l’enquête, même si la piste criminelle est privilégiée, les circonstances des faits n’ont pas été établies, a souligné Frédéric Chevallier. « Les premières constatations conduisent à privilégier l’utilisation d’une arme blanche par l’auteur des faits. L’hypothèse des homicides des deux enfants par leur mère puis le suicide de cette dernière n’est pas totalement écartée mais reste très subsidiaire par rapport à l’intervention d’un tiers dans la commission des faits criminels qui est donc privilégiée », a-t-il détaillé auprès de la chaîne locale.

Un quartier sous le choc
La rue donnant accès au pavillon, doté d’une terrasse soutenue par des colonnades et aux murs de briques dépourvus de crépi, était barrée par la police, ont constaté des journalistes de l’AFP. Sur la façade, est installée une caméra de vidéosurveillance.

Les agents en blouse blanche de la police scientifique s’activaient sur place pour procéder aux premières constatations.

« C’est un choc » confie un voisin à l’AFP, qui habite à deux numéros, et a souhaité rester anonyme. Il ne connaissait pas bien la famille d’origine turque, « ils étaient très fermés », ajoute-t-il, mais raconte avoir régulièrement entendu « des cris, des disputes ». « On se disait “c’est encore eux”. »

L’ancien conjoint publie des photos sur Facebook après le drame
L’ancien conjoint de la trentenaire est actuellement recherché par les enquêteurs pour être entendu. Il avait été condamné en septembre 2021 pour des violences sur sa femme et sa fille à un an de prison, dont quatre mois avec sursis probatoire, avec l’interdiction d’entrer en contact avec elles.

Quelques heures avant la découverte des corps, le père de famille a posté sur Facebook deux messages accusant sa femme de l’avoir trompé et d’avoir frappé sa fille, accompagnés de photos montrant des ecchymoses sur un avant-bras. « Je vais arrêter ma vie », écrit-il.

Dans une vidéo, le quadragénaire, malentendant, s’exprime en langue des signes. « Elle m’a déjà trompé avec d’autres hommes, plusieurs fois et ça, ma fille le savait. […] Ma femme lui a dit que si elle me disait tout, elle la frapperait », dénonce-t-il, selon une transcription faite par l’AFP.

L’interdiction d’entrer en contact n’aurait pas été respectée
D’après une connaissance de la famille rencontrée par l’AFP, le couple habitait cette maison depuis une dizaine d’années, et était séparé depuis environ deux ans. Malgré l’interdiction de contact avec sa femme et sa fille, l’homme de 46 ans est passé en voiture dans la rue à plusieurs reprises, a constaté Mehmet.

Il a raconté à l’AFP que la trentenaire était venue le voir mercredi à 18 h, lui disant « j’ai peur ». Elle voulait demander le divorce depuis plusieurs années, ce que lui refusait, d’après ce voisin.

Début 2023, le juge des enfants avait demandé au juge d’application des peines de lever l’interdiction de contact avec sa fille pour mettre en place des visites médiatisées.

Elle venait déposer plainte
La trentenaire a déposé plainte mercredi pour des vols de bijoux et de documents, soupçonnant son ex d’avoir conservé un double des clés de la maison, a confirmé le procureur.

La mère de famille avait également porté plainte le 9 mai après avoir découvert un tracker GPS sous sa voiture, selon le magistrat, ajoutant que l’ex-conjoint devait être entendu en juin sur ces faits.

« Il devenait fou, il n’acceptait pas la séparation », d’après Séverine, une autre voisine qui n’a pas souhaité révéler sa véritable identité. « Ça me fait mal pour cette famille », dit-elle à l’AFP, émue.

Ouest-france