2 h 54 de moyenne : à Roland-Garros, les matchs n’ont jamais été aussi longs qu’en 2023

Vous avez trouvé que les matchs de Roland-Garros étaient interminables cette année ? Ce n’était pas qu’une impression. Avant même les finales dames et messieurs du prestigieux tournoi de tennis parisien, l’édition 2023 est déjà rentrée dans l’histoire : les matchs en simple ont dépassé des records de durée.

Onze matchs de plus de quatre heures en 2023

D’après les données publiées par l’organisateur du tournoi et par l’ATP, sur les vingt-cinq dernières années, la durée moyenne des matchs masculins a augmenté de trente et une minutes (en excluant les abandons et forfaits). En 1998, année du sacre de Carlos Moya, les affrontements du tournoi de la porte d’Auteuil duraient 2 h 23 en moyenne. En 2023, ils tutoyaient les trois heures (2 h 54). En première semaine, onze confrontations ont même dépassé quatre heures de jeu.


2023 est une année record chez les hommes

La durée annuelle moyenne des matchs du tableau messieurs de Roland-Garros, à l’exclusion des matchs abandonnés et des forfaits

C’est sur le court Philippe-Chatrier, en pleine nuit mais dans une ambiance bouillante, que le Français Gaël Monfils s’est imposé, le 31 mai, contre l’Argentin Sebastian Baez au premier tour, au bout de 3 h 46, avant de déclarer forfait le lendemain. Plus le match dure, plus il semble annonciateur d’un scénario improbable : au premier tour, le Brésilien Thiago Seyboth Wild, inconnu du grand public, a renversé le Russe Daniil Medvedev, numéro deux mondial, après 4 h 14. Mais la palme revient à l’Italien Jannik Sinner, qui s’est incliné face à l’Allemand Daniel Atmaier après une opposition de 5 h 26.

Le record du match le plus long du tournoi parisien n’a toutefois pas été égalé : il a été établi en 2004 par les Français Fabrice Santoro et Arnaud Clément, qui se sont quittés au bout de 6 h 33.

Si l’on met de côté l’édition 2022, il faut remonter à 2012 pour constater une durée moyenne au-dessus de 2 h 40. Le joueur français Jo-Wilfried Tsonga y avait été pour beaucoup. Il lui avait fallu 4 h 06 pour se défaire de Stanislas Wawrinka en huitièmes de finale, avant d’affronter Novak Djokovic – lui aussi vainqueur d’un match à rallonge (4 h 18). Tsonga s’était incliné en cinq sets après plus de quatre heures.

Parmi les têtes d’affiche masculines de ces dernières années, Carlos Alcaraz a impressionné par son efficacité : à peine 2 h 22 par duel cette année. Ce qui ne l’a pas empêché d’être battu en demi-finales par Novak Djokovic, rompu aux matchs à rallonge (2 h 32 en moyenne à Roland-Garros). Sur l’ensemble de ses participations, le roi de la terre battue, Rafael Nadal, mettait en moyenne 2 h 27 pour se défaire – sauf à trois reprises – de son adversaire.


Carlos Alcaraz, plus expéditif que Nadal et Djokovic

Durées moyennes des matchs à Roland-Garros du joueur espagnol en 2023 comparée à celles d’autres stars du tournoi depuis vingt-cinq ans.

Les matchs féminins s’étirent aussi

Chez les femmes, la tendance est aussi à l’allongement dans les cinq dernières années. 2023 est la seule année à dépasser la moyenne de 1 h 40 par match, sur l’historique des matchs depuis 2016 que nous avons pu étudier.


La durée des matchs féminins en progression depuis cinq ans

La durée annuelle moyenne des matchs du tableau dames de Roland-Garros, à l’exclusion des matchs abandonnés et des forfaits

Alors que le tournoi féminin est régulièrement critiqué pour ses matchs trop courts – le format étant en deux sets gagnants contre trois chez les hommes –, certains affrontements de cette édition ont pourtant duré. En demi-finales, la Tchèque Karolina Muchova l’a emporté contre la Biélorusse Aryna Sabalenka au terme de 3 h 13 d’échanges. Mais le record 2023 est détenu par l’Espagnole Sara Sorribes Tormo et la Brésilienne Beatriz Haddad Maia. Elles ont ferraillé pendant 3 h 51 pour tenter de se hisser en huitièmes de finale. La native de Sao Paulo, qui en est ressortie vainqueure, est une habituée des matchs longs, avec 2 h 31 en moyenne cette édition.

A l’inverse, la joueuse polonaise Iga Swiatek, déjà victorieuse à Roland-Garros en 2020 et 2022 et qualifiée pour la finale cette année, passe moins de 1 h 20 en moyenne sur le court – une efficacité notable comparée aux ténors des huit dernières éditions.


En 2023, Iga Swiatek plus rapide que les références du tennis des huit dernières années

Les durées moyennes en 2023 à Roland-Garros de la Polonaise, comparées aux durées moyennes de l’ensemble de matchs d’autres joueuses depuis 2016.