
Les multiples enquêtes et procédures menées contre Donald Trump ont peu de chances d’aboutir à une condamnation avant l’élection de novembre 2024 ou à son inéligibilité. Et même la condamnation, le 9 mai, par un tribunal de New York, à payer 5 millions de dollars [4,6 millions d’euros] de dommages et intérêts à la journaliste E. Jean Caroll pour agression sexuelle n’a pas ébranlé sa base qui lui reste fidèle. Pourtant, ces sagas judiciaires ne devraient pas dissimuler que ce qui est en jeu est la fin ou non du règne de l’impunité et de la désinformation.
La vie médiatique est rythmée par les annonces de développements judiciaires impliquant l’ancien président. Début avril, sa mise en examen par le procureur de New York pour falsification de documents commerciaux, « avec intention frauduleuse » de dissimuler le paiement de 130 000 dollars visant à acheter le silence de la star du porno Stormy Daniels. Mi-avril, son audition dans l’affaire financière touchant l’empire Trump. En avril encore, une décision de justice obligeant l’ancien vice-président Mike Pence à témoigner sur les conversations qu’il a eues avec Donald Trump avant l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021.
Et puis, il y a les trois affaires pénales, qui toutes semblent plus solides que celle de New York : celle diligentée par la procureure de district du comté de Fulton de Géorgie, qui a convoqué, en mai 2022, un grand jury pour enquêter sur les possibles tentatives de manipulation des résultats électoraux en 2020 par Trump et son équipe, et deux autres affaires au niveau fédéral. La procureure de Géorgie dispose d’enregistrements, en particulier celui dans lequel le président à l’époque demande au secrétaire d’Etat chargé des élections de lui « trouver 11 780 » voix de façon à renverser le résultat des élections. Pourtant, le grand jury n’a toujours pas décidé d’inculper l’ex-président. Est-ce la crainte que le camp Trump et la chambre d’écho des médias de droite ne crient à la chasse aux sorcières et à une procédure politisée ?
La primauté du droit
Sur les deux affaires au niveau fédéral diligentées par le procureur spécial, Jack Smith, nommé en novembre 2022 par le ministre de la justice, l’enquête sur l’incitation à l’insurrection du 6 janvier et le recel de documents que l’ancien président refuse de rendre aux Archives nationales, on apprend de nouveaux éléments chaque semaine. Mais y aura-t-il mise en examen et ensuite procès ? Rien n’est moins sûr car, au niveau fédéral, le ministre de la justice a le dernier mot et peut décider du non-lieu pour des raisons d’opportunité politique. Et les possibilités de mesures dilatoires dans le système judiciaire américain sont si grandes, à New York, en Géorgie comme au niveau fédéral, que les chances d’un procès avant les élections de 2024 sont minimes. Et donc Trump restera candidat à l’investiture républicaine. Il sera sans doute investi grâce aux 40 % d’inconditionnels et deviendra peut-être le candidat du Parti républicain, ce qui serait une bonne affaire pour le président Joe Biden mais ne réglerait pas les problèmes de fond.
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