Attaque d’Annecy : la garde à vue du suspect s’achève, l’enquête se poursuit sur ses motivations

Alors que la garde à vue du suspect de l’attaque au couteau dans un parc d’Annecy, en Haute-Savoie, doit prendre fin samedi, l’enquête se poursuit sur ses motivations. La procureure de la République Line Bonnet-Mathis tiendra une conférence de presse à la mi-journée. 

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La garde à vue de l’individu suspecté d’avoir poignardé six personnes, dont quatre très jeunes enfants, dans un parc d’Annecy doit s’achever samedi 10 juin, les enquêteurs s’efforçant toujours de démêler ses motivations malgré son mutisme.

La procureure d’Annecy, Line Bonnet-Mathis, doit tenir en milieu de journée une conférence de presse consacrée aux suites judiciaires pour Abdalmasih H., de nationalité syrienne, dont l’état avait été jugé vendredi « compatible avec la garde à vue » après une expertise psychiatrique.  

« Totalement mutique » 

Jeudi, la magistrate avait estimé que ses motivations semblaient dépourvues de « mobile terroriste apparent », ajoutant ne pouvoir « exclure à ce stade un acte insensé ». 

Depuis son interpellation, l’assaillant âgé de 31 ans n’a donné aucune explication et fait « obstruction à la garde à vue », notamment en se « roulant par terre ». Il est en outre « totalement mutique », ont indiqué des sources proches de l’enquête à l’AFP. 

« La folie est une excuse trop facile, c’est important de savoir qu’il est auditionné et qu’on ne le considère pas simplement comme quelqu’un de délirant », a commenté, vendredi soir, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.  

« Il a sans doute une motivation que les enquêteurs vont essayer de comprendre », a-t-il dit sur BFMTV. 

« Même s’il n’y a pas d’audition, les investigations se poursuivent », notamment « pour établir sa personnalité, son parcours, ce qu’il a fait depuis qu’il est en France », a précisé une source proche de l’enquête. 

La fillette néerlandaise « hors de danger » 

Au lendemain du drame, la journée de vendredi a été marquée par la visite d’Emmanuel et Brigitte Macron au chevet des victimes, avec des « nouvelles positives » sur leur état, a indiqué le président. 

Parmi les quatre petits blessés, âgés de 22 à 36 mois, la fillette néerlandaise, hospitalisée à Genève, est « hors de danger », selon le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas. 

Emmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron ont rencontré dans la matinée le personnel soignant et les familles des trois autres enfants, hospitalisés à Grenoble. 

Le couple présidentiel s’est ensuite rendu à Annecy, d’abord à l’hôpital puis à la préfecture pour saluer tous ceux qui ont apporté « aide et soutien » pendant le drame qui a secoué la ville jeudi. 

« Vous avez été formidables », a lancé le chef de l’État lors d’une cérémonie qui lui a permis de dire « sa gratitude et sa fierté » aux policiers, pompiers, soignants et aux citoyens qui ont tenté de stopper l’assaillant. « S’attaquer à des enfants est l’acte le plus barbare qui soit », a-t-il dit. 

Journée d’hommages 

L’attaque, qui s’est produite en public et en plein jour, a profondément traumatisé Annecy, ville de Haute-Savoie, au nord des Alpes françaises, habituellement paisible. Choquées, des centaines de personnes ont défilé toute la journée de vendredi devant la petite aire de jeux, le lieu de l’attaque, pour se recueillir et déposer des fleurs.  

Cette journée d’hommage s’est clôturée par une messe pour les victimes à la cathédrale Saint-Pierre-aux-Liens d’Annecy.  

« Quand j’ai appris que cet homme (l’assaillant, NDLR) a accompagné son geste, son crime, par les mots ‘au nom de Jésus’, bien sûr, j’en ai été et j’en suis encore terriblement blessé et ému. Poser un tel acte de violence au nom de Jésus est une perversion », a déclaré Mgr Yves Le Saux dans son homélie. 

« Que l’on soit chrétien, musulman ou croyant, tuer ou vouloir tuer au nom de Dieu est une perversion absolue », a-t-il ajouté. 

Avec AFP