
Officiellement propriétaire du Journal du Dimanche (JDD) et de Paris Match, Vincent Bolloré est désormais seul maître en ce royaume sur lequel régnait encore hier Arnaud Lagardère. Les deux hebdomadaires s’ajoutent à la vingtaine de marques de Prisma Presse (Gala, Femme Actuelle, Voici, Capital, Ça m’intéresse, etc.) que Vivendi possède depuis le printemps 2021. Rassemblées au sein d’une société en commandite dont Arnaud Lagardère conserve les rênes, les radios Europe 1, Europe 2 et RFM agrandissent, elles, l’empire audiovisuel constitué autour du groupe Canal+ et ses multiples chaînes.
Il s’en est pourtant fallu de peu que l’hebdomadaire paraissant le jeudi lui échappe. Pour la Commission européenne, en effet, Vivendi ne pouvait pas posséder deux des titres les plus puissants de la presse people, Match et Gala, sans se retrouver en situation ultra-dominante.
Dès le début de janvier, celle-ci a donc signifié que pour avaliser l’OPA, Vivendi devrait se séparer de l’un des deux. Une occasion en or pour Bernard Arnault de mettre la main sur Paris Match qu’il convoite de longue date. Comme il l’a confirmé aux sénateurs de la commission d’enquête sur la concentration dans les médias, en janvier 2022, le patron de LVMH a fait une offre d’achat, couplée avec le JDD, en avril 2021. Celle-ci est restée lettre morte, mais l’éventualité que les titres lui reviennent ne s’est jamais complètement évaporée. L’hypothèse d’un futur rapprochement du Journal du Dimanche avec l’édition dominicale du Parisien (qu’il possède, tout comme le quotidien économique Les Echos), en vue de créer une super-offre commune, a longtemps fait l’objet de rumeurs récurrentes.
Un scénario qui prend l’eau
Vincent Bolloré a-t-il entretenu les espoirs de Bernard Arnault dans l’espoir de s’attirer la mansuétude des titres de ce dernier ? Sans pressions directement identifiables, « il valait mieux ne pas publier un mot de négatif pour ne pas gêner les discussions », témoigne un cadre de l’un des deux quotidiens.
En mars, la rédaction du Parisien découvre que, quelques mois plus tôt, un de leurs collègues s’est vu recommander d’abandonner une enquête qui mentionnait l’industriel breton. Le bruit court que la demande lui aurait été formulée au motif que l’actionnaire, M. Arnault donc, « était en négociation avec Bolloré pour racheter des titres média ». Aux Echos, une critique du livre Histoire d’un ogre, d’Erik Orsenna (une sorte de conte moderne dont Vincent Bolloré est l’antihéros), publiée le 23 février chez Gallimard (176 pages, 18,50 euros), débouchera, quelques semaines plus tard et dans un tollé général, sur l’éviction du directeur de la rédaction, Nicolas Barré.
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